Le Musée de l’Armée célèbre le 80e anniversaire de l’Appel du 18 juin en acquérant un rare mobile de Calder en hommage à la France libre.
C’est une facette peu connue de sa carrière et pourtant Calder a été un artiste très engagé. Défenseur des valeurs humanistes et pourfendeur des dictatures, il a pris position contre l’occupation de la France par les nazis et contre Franco. En 1937, il a même été le seul artiste étranger à exposer une œuvre dans le mythique pavillon espagnol. De retour aux États-Unis, il a œuvré à faciliter l’obtention de visa et l’installation d’artistes conduits à l’exil comme Miró, Duchamp ou Ernst.
Francophile convaincu, Calder cherche dès le début de la Seconde Guerre mondiale une façon de s’engager concrètement en faveur de la France libre. Il tente d’abord de mettre ses compétences au service de l’armée en se formant au camouflage industriel, mais il ne parvient pas à se faire enrôler. Il cherche donc d’autres moyens d’action et s’implique dans des activités de thérapie par l’art auprès de blessés de guerre avant de s’engager activement au sein de France Forever.
Cet édifiant mobile, rarissime témoignage de la production de France Forever, vient d’être acquis par le Musée de l’armée grâce au mécénat du CIC. Il sera présenté dans l’entrée de l’Historial Charles de Gaulle. Cet espace multimédia interactif consacré à l’action du général rouvrira après travaux de rénovation à l’occasion de la Nuit des musées le 16 mai 2020. Le public pourra y découvrir cette œuvre ainsi que de nouveaux espaces multimédias et des dispositifs de médiation repensés.
Ce mouvement fondé en 1940 est destiné à susciter un courant de sympathie dans l’opinion américaine pour de Gaulle et assurer un soutien moral et financier aux combattants de la France libre. À cette fin, il organise entre autres des expositions-ventes au profit de la Résistance auxquelles participent des artistes français comme Léger et Ozenfant. Calder est le seul artiste américain à y prendre part. C’est dans ce contexte qu’il expose en 1942 des bijoux et ce mobile très atypique.
Pour créer une œuvre parlante, Calder qui est alors passé à l’abstraction renoue avec la figuration et signe un mobile singulier et d’une grande puissance formelle. Tout est pensé pour être le plus symbolique possible et immédiatement lisible. La croix en bois jaune irradie et côtoie trois pales en carton aux couleurs du drapeau français. Cet ensemble qui sonne comme une promesse de reconquête domine des éléments acérés en tôle d’acier noire symbolisant la guerre et l’oppression nazie.
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France Forever de Calder
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°733 du 1 avril 2020, avec le titre suivant : France Forever de Calder