Les richesses de la collection d’art allemand contemporain d’Hans Grothe font rêver Bonn et Düsseldorf, qui se la disputent âprement. La première pensait avoir pris l’avantage en décidant la construction d’un bâtiment spécialement conçu pour la recevoir, mais le nombre élevé d’œuvres permettrait, selon leur propriétaire, d’ouvrir un second musée à Düsseldorf.
BONN ET DÜSSELDORF - Les villes de Bonn et de Düsseldorf s’opposent autour d’une collection d’art allemand contemporain riche de plus de six cents tableaux et sculptures, de Beuys à Katharina Sieverding, de Baselitz à Gerhard Richter, de Hanne Darboven à Anselm Kiefer, et de Polke à Günther Förg. Le promoteur immobilier Hans Grothe, propriétaire de cette fabuleuse collection évaluée entre 340 et 510 millions de francs, a relancé une vieille rivalité dont il compte bien profiter : il a proposé les œuvres en prêt de longue durée au musée allemand qui serait en mesure de lui faire la meilleure offre, proposition qualifiée sans tarder de “grothesque” par la presse allemande. Bonn, dont les musées collaborent avec Hans Grothe depuis 1972, a accepté la principale requête du collectionneur : la construction d’une “Kunstkiste” (littéralement, “caisse de l’art”). Celle-ci accueillera la collection jusqu’en 2025 et devrait s’élever, d’ici l’an 2000, entre la Bundeskunsthalle et le Kunstmuseum. Le projet a été confié à Jacques Herzog et Pierre de Meuron, les deux architectes bâlois chargés de construite la Tate 2, à Londres. Le coût de la construction (environ 29 millions de francs) sera couvert à 90 % par l’État et le Land de Rhénanie-Westphalie septentrionale.
Toutefois, un problème demeure. Cette somme ne permettra de réaliser qu’un musée relativement petit, capable d’accueillir seulement 10 % de la collection et de présenter le reste par expositions tournantes. Alors, Hans Grothe, une fois signé le contrat avec Bonn, s’est rendu à Düsseldorf pour y projeter un “musée-bis” dans la Königshalle, l’avenue la plus chic de la ville. Aux aigres remontrances du maire de Bonn, Bärbel Dieckmann, le collectionneur a opposé une clause de son premier contrat, par laquelle il se réserve le droit de prêter à d’autres villes et musées toutes les œuvres qui ne trouveraient pas leur place dans la Kunstkiste.
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Deux villes pour une seule collection d’art contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°53 du 30 janvier 1998, avec le titre suivant : Deux villes pour une seule collection d’art contemporain