Dessins de Cézanne et de sa sœur Marie

Ce n’est pas un mais deux dessins des Cézanne qui feront bientôt leur entrée au Musée Granet. L’établissement aixois s’enrichit en effet d’un dessin double face comportant un croquis de Paul, tandis qu’au verso se déploie un sage dessin au crayon de sa sœur cadette Marie. Ce dernier représente un paysage organisé autour d’un calvaire et d’un point d’eau. La composition traduit une certaine maîtrise technique ; le dessin faisant alors partie de l’apprentissage des jeunes filles de bonne famille.

Réalisé vraisemblablement en 1857-1858 alors qu’il avait dix-neuf ans, le dessin de Cézanne est un croquis enlevé exécuté à la plume. Il représente un jeune homme tenant une bouteille et portant un casque antique. Il est accompagné d’une vieille femme, peut-être une sorcière, qui lui tend une mystérieuse fiole. Le thème exact n’a pas été identifié, mais il s’agit certainement d’une copie d’une œuvre d’un maître classique réalisée pendant sa formation à l’école de dessin d’Aix-en-Provence.

C’est le très actif fonds de dotation Aix-en-Provence Mécénat qui a permis l’acquisition de ce dessin inédit qui avait disparu pendant soixante-quinze ans. Cette société de philanthropie a déboursé 26 000 euros à l’encan. L’enveloppe globale comprenant aussi un budget pour la restauration, le montage et les frais de vente et de transport devrait se chiffrer au final à environ 40 000 euros. Le dessin, légué par les acheteurs au Musée Granet, pourrait être exposé dès 2023 au sein du Jas de Bouffan

La municipalité d’Aix-en-Provence s’attelle en effet depuis plusieurs années à faire renaître le Jas de Bouffan, la fameuse bastide familiale où a longtemps vécu et travaillé Paul Cézanne. La statuaire extérieure ainsi que la façade ont déjà été restaurées. Une campagne va désormais rendre sa superbe à l’intérieur du bâtiment ; elle portera sur les gypseries, les papiers peints, le mobilier ainsi que les cartouches d’imposte. L’ouverture au public est attendue au plus tôt fin 2023.

À l’origine, cette feuille faisait très probablement partie du recueil incomplet qu’a vendu Jean-Pierre Cézanne au collectionneur américain Henry Pearlman. En 2018, deux feuillets issus certainement de ce carnet réapparaissent à New York. L’année suivante, le commissaire-priseur rémois Thierry Collet découvre ce dessin au cours d’un inventaire de succession dont les propriétaires ignoraient la valeur. Ne restait alors plus qu’à le faire authentifier pour le mettre en vente en mars 2022.