Grâce au Portrait de Juliette de Villeneuve par Jacques-Louis David, dont ils ont financé l’achat pour plus de la moitié, les Amis du Louvre célèbrent en apothéose un siècle d’acquisitions pour le premier musée de France.
PARIS. La Société des Amis du Louvre s’est constituée en 1897, autant pour contrer l’active politique d’acquisition des musées de Londres et de Berlin qu’en réaction à quelques "occasions qu’on peut encore pleurer aujourd’hui", comme le rappelle Jacques Thuillier dans son introduction au catalogue. Le Louvre venait en effet de laisser échapper la suite des Fragonard de Grasse, aujourd’hui à la Frick Collection de New York, comme l’ensemble des Goya de la Maison du Sourd à Bordeaux, désormais au Prado, ou encore tous les Vermeer en possession de Thoré-Bürger, à l’exception de la Dentellière. À ce jour, l’association a offert 641 œuvres aux sept départements du Louvre, dont 423 à celui des Arts graphiques. La quasi-totalité de ces dons seront exposés chronologiquement dans le hall Napoléon, à l’exception des dessins dont un quart environ ont été retenus : 41 Lorrain, 14 Delacroix, 7 Fragonard… Le Musée d’Orsay, aujourd’hui dépositaire des collections postérieures à 1848, prêtera 8 peintures, mais L’atelier de Courbet ne traversera pas la Seine. De même, les 14 œuvres et objets d’art asiatique confiés au Musée Guimet seront exposés au Louvre, en même temps que 75 peintures, 25 objets d’art, 24 sculptures et 35 antiquités.
Un grand Vélasquez…
Même si les antiquités dignes d’entrer au Louvre sont rares sur le marché, les Amis ont récemment offert l’Idole aux yeux (1991), comme ils ont réussi à acquérir le Lit de madame Récamier par Georges II et François Jacob, le Pot à oille du service Orléans-Penthièvre de Balzac, et la Nymphe au scorpion du sculpteur florentin Lorenzo Bartolini en 1994, année faste pour l’association qui avait vu le nombre de ses adhérents culminer à 68 000 alors qu’il est redescendu aujourd’hui à 60 000. En dépit de cette légère baisse de régime, les Amis du Louvre ponctuent avec panache un siècle de dons grâce au Portrait de Juliette de Villeneuve par David (lire notre précédent numéro). Guidées par les choix des conservateurs, leurs acquisitions trahissent d’ailleurs une prédilection pour l’art français : primitifs, peintures et dessins des XVIIe et XIXe siècles ont été grandement privilégiés. Plus de la moitié des 75 peintures exposées sont françaises, et certaines d’entre elles font figure de joyaux au sein des collections : Le Bain turc d’Ingres (1911), La Pietà de Villeneuve-lès-Avignon par Enguerrand Quarton (1905), Saint Sébastien soigné par Irène de La Tour (1979), Le chancelier Séguier par Le Brun (1942), La Folle de Géricault (1938)… Les achats en direction des peintures des écoles étrangères ont progressé depuis les années soixante-dix, notamment pour les Écoles du Nord, mais "il reste encore un effort à faire pour la peinture anglaise", concède Pierre Rosenberg, président-directeur du Louvre, sans s’appesantir sur le grand Vélasquez qui fait toujours défaut aux collections.
DES MÉCÈNES PAR MILLIERS, UN SIÈCLE DE DONS PAR LES AMIS DU LOUVRE, 28 avril-21 juillet, Musée du Louvre, tél. 01 40 20 51 51, tlj sauf mardi 10h-21h45, catalogue coordonné par Marie-Anne Dupuy, éd. RMN, 360 p., 60 ill. coul., 660 n & b, 320 F.
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Des Amis bien intentionnés
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : Des Amis bien intentionnés