Alors que le Musée d’art moderne de New York vient d’absorber un pâté de maisons afin de doubler sa surface d’ici 2004 – date de son soixante-quinzième anniversaire –, le Museum of American Folk Art s’apprête à voir le jour juste à côté. Pour cet établissement consacré à l’art populaire, la question de la cohabitation avec la gigantesque institution sera certainement cruciale.
NEW YORK (de notre correspondant) - Au cours des dix dernières années, c’est dans le hall d’un gratte-ciel loué près du Lincoln Center que le Museum of American Folk Art a présenté ses expositions d’art populaire contemporain. Aussi, cette institution, fondée en 1961 pour promouvoir sous un angle plus esthétique qu’ethnographique l’étude et la critique des arts et traditions populaires, peut-elle se réjouir de disposer bientôt d’un bâtiment neuf, sur le site qu’elle possède dans la 53e Rue.
Reste que son futur écrin risque de ne pas faire bon voisinage avec celui du Museum of Modern Art (MoMA) et ses ambitions ouvertement modernistes. Large de douze mètres seulement, avec six étages sur huit au-dessus du sol, le Museum of American Folk Art accueillera une collection relativement modeste de 4 000 objets. Il est conçu par Tod Williams, Billie Tsien and Associates, dont le projet le plus récent est le Phoenix Art Museum.
Williams et Tsien figuraient parmi les dix architectes invités à participer au concours pour l’agrandissement du MoMA. Ils n’ont pas été retenus mais, expliquent-ils, leur projet pour le Museum of American Folk Art – qui s’élève à 15 millions de dollars (90 millions de francs) – dérive de celui qu’ils avaient dessiné pour le MoMA. Dans leur bâtiment, chaque espace au-dessus du niveau de la rue est public, et des galeries sont installées aux quatre derniers étages. Les bureaux et l’administration se trouvent au sous-sol, comme dans leur étude pour le MoMA. La lumière du jour pénétrera dans l’immeuble par un châssis vitré qui recouvrira toute la structure, et par des ouvertures à chaque étage. “Notre musée s’étire verticalement pour que la lumière descende le long du bâtiment et pour encourager les visiteurs à suivre le même chemin”, explique Billie Tsien. Le parcours commencera donc par une montée en ascenseur jusqu’au dernier étage et se poursuivra en descendant.
Équation à deux inconnues
Les deux architectes reconnaissent que la présence imposante du MoMA les a influencés. “Il était important que la façade de notre bâtiment se détache des deux côtés pour devenir un symbole très fort, presque totémique, du Museum of American Folk Art. Notre projet n’est pas passe-partout, poursuit Tod Williams. Il ressemble un peu au Guggenheim de la Cinquième Avenue, en ce sens qu’il ne s’apparente à aucun autre édifice. Si les muséographes parviennent à trouver des présentations originales, cela peut donner d’excellents résultats”.
Il en va autrement de l’autonomie du musée. Williams et Tsien espèrent la coopération de leur imposant voisin, mais construire dans son ombre ne sera pas facile, d’autant que ni les plans, ni le calendrier du chantier du MoMA n’ont encore été arrêtés. “Nous ne savons pas quand ils démarreront. Nous leur avons donné libre accès nos plans, et nous créons une terrasse à l’arrière du bâtiment dont nous espérons voir doubler la taille si le MoMA crée sa propre terrasse”, indique Tod Williams.
Les fondations du Museum of American Folk Art doivent commencer ce mois-ci, et l’ouverture est prévue au printemps 2000.
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Comment pousser à l’ombre du MoMA
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°82 du 30 avril 1999, avec le titre suivant : Comment pousser à l’ombre du MoMA