Né au terme d’un patient et tenace combat mené par Jeanine et Georges Vercheval, le Musée de la photographie de Charleroi a aujourd’hui dix ans. À côté du musée d’Anvers, la photographie a trouvé un point d’ancrage en Wallonie.
CHARLEROI (de notre correspondant). - Installé dans l’ancien Carmel néo-gothique de Mont-sur-Marchienne, le Musée de la photographie dispose aujourd’hui de 2 200 m2 .
Une de ses particularités réside dans un accrochage permanent qui, en quelque 400 œuvres sélectionnées parmi les 60 000 que compte la collection, introduit le public dans l’histoire de la photographie afin, comme le déclare Georges Vercheval, "de mieux comprendre l’actualité d’un regard dont la naissance remonte à 160 ans seulement. Les photographies exposées permettent d’aller au-delà de l’œuvre d’art, elles renseignent sur le passé, sur l’économie, sur l’évolution des hommes et de l’histoire".
Ce désir d’affirmer la photographie dans une dimension critique justifie largement la politique qui, en dix ans, a fait d’une initiative privée – dans laquelle se sont investis les pouvoirs publics – une institution reconnue internationalement. Le musée bénéficie désormais d’une dotation de la Communauté française et, pour le personnel, de la Région wallonne. La collection s’est développée moins grâce à une politique d’achat limitée à un petit million de francs belges que par une dynamique de coopération avec les artistes. À ce titre, les expositions montées au Carmel de Mont-sur-Marchienne ont tissé des liens avec des photographes souvent reconnaissants, tels le Mexicain Carlos Jourado, l’Américain Stephen Feldman ou le Taïwanais Liang Kuo Lung. Par ailleurs, si l’acquisition de pièces anciennes ou contemporaines de premier plan n’est pas à l’ordre du jour, les collections se sont enrichies grâce à des achats, legs et dons : Charles Leirens, Willy Kessels, Serge Vandercam (le photographe de Cobra), Jacques Villet.
Activité éditoriale
Les efforts des Vercheval trouvent par ailleurs un précieux soutien dans la Communauté française de Belgique, qui met systématiquement ses collections photographiques en dépôt à Charleroi. La collection est désormais représentative de l’histoire de la photographie au XXe siècle, comme en témoigne la parution d’un numéro de Musea Nostra, édité par le Crédit communal pour mieux faire connaître les musées belges, qui retrace davantage l’histoire d’un siècle et demi de photographie belge et internationale que le parcours du musée.
Ainsi doté d’un outil performant et de collections appréciables, le Musée de la photographie propose à ses 40 000 visiteurs annuels des manifestations qui, au fil du temps, se sont imposés comme des références. La prochaine, intitulée "Dérision et raison", se tiendra du 27 avril au 31 août. Parallèlement, l’activité éditoriale joue un rôle central dans la vie du musée : au rythme de six titres par an, il explore ses fonds à travers des thématiques ou des monographies, comme celles consacrées à Gilbert De Keyser ou à Hubert Groteclaes. À ce propos, on rappellera que le travail d’investigation mené par l’équipe scientifique avait permis de revoir une partie de l’œuvre de Willy Kessels à la lueur d’un engagement fasciste oublié. Victime d’une violente censure, le musée avait dû renoncer à une exposition qui témoignait pourtant, sous forme de monographie, du sérieux des recherches et de l’originalité de la démarche.
Musée de la photographie, 11 av. Paul Pastur, 6032 Charleroi Mont-sur-Marchienne, tél. 32 71 43 58 10, tlj sauf lundi 10h-18h.
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Charleroi fête ses dix ans
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : Charleroi fête ses dix ans