L’ancienne Hamburger Bahnhof, la gare d’où partaient les trains reliant Berlin à Hambourg, abrite depuis le 3 novembre le Museum der Gegenwart (Musée du Temps présent). La collection d’Erich Marx – Beuys, Rauschenberg, Twombly, Warhol… –, est à l’origine de la création de ce musée résolument contemporain, qui ne se consacrera pas uniquement aux arts plastiques, mais s’ouvrira également au cinéma, à la musique, aux spectacles…
BERLIN (de notre correspondant) - "La Hamburger Bahnhof abrite un Musée du Temps présent et non pas un simple un musée d’art contemporain", affirme Dieter Honisch, qui dirige le nouvel établissement en plus de la Neue Nationalgalerie. "L’expression Temps présent a un sens plus large et signifie que nous ne nous limiterons pas aux arts plastiques. Nous nous intéresserons à tous les aspects de la vie moderne qui influencent notre vision du monde : moyens de communication, musique, cinéma, débats, spectacles, lectures… Ce musée du XXIe siècle se définira par la manière dont nous saurons y travailler et nous renouveler, plutôt que par les œuvres qui y seront exposées. Il faudrait qu’il demeure un musée vivant, un point de contact entre les collectionneurs privés et les institutions publiques."
L’origine de ce projet remonte à 1982. Cette année-là, Erich Marx expose sa collection à la Neue Nationalgalerie de Berlin, en présence de Beuys, Rauschenberg et Warhol, très largement représentés au sein de sa collection, comme c’est d’ailleurs le cas pour Cy Twombly. La collection Marx comprend également des pièces de Roy Lichtenstein, Donald Judd, Anselm Kiefer et Jeff Koons. L’accueil du public et de la critique est si enthousiaste que la Stiftung Preussischer Kulturbesitz – l’institution qui coiffe les grands musées berlinois – et le Land de Berlin concluent un accord pour tenter de conserver la collection Marx dans la ville. Le Land met à disposition le superbe bâtiment de l’ancienne gare de Hambourg et débloque des subventions pour assurer son aménagement, confié à l’architecte Josef Kleihues. Édifice néoclassique construit en 1846-1847, la Hamburger Bahnhof est composée d’un vaste corps central et de deux longues galeries latérales, ainsi que de deux ailes avancées qui encadrent la cour d’honneur ou Ehrenhof.
Déménagement de la Gemäldegalerie
À l’intérieur – outre la collection Marx, inévitablement lacunaire –, sont présentées des œuvres provenant de quatre musées indépendants : œuvres graphiques du Kupferstichkabinett, objets d’arts du Kunstgewerbemuseum, photographies des collections de la Kunstbibliothek et, bien entendu, peintures et sculptures de la Neue Nationalgalerie. Dès que les œuvres, indépendamment de leur ancienneté, n’influeront plus sur le "temps présent", elles rejoindront la Neue Nationalgalerie, créant ainsi un lien étroit entre les deux musées. Cela signifie également que le bâtiment construit par Mies van der Rohe près de la Kemperplatz, qui souffre déjà d’un manque d’espace chronique, devra être agrandi.
Après l’installation de la collection de Heinz Berggruen en face de Charlottenburg (lire le JdA n° 27, juillet-août 1996), la Hamburger Bahnhof abrite le second musée créé cette année à Berlin. Et d’ici la fin 1998, deux autres devraient ouvrir leur portes : la célèbre Gemäldegalerie (peintures du XIVe à la fin du XVIIIe siècle) quittera Dahlem pour rejoindre le Kulturforum – où sont déjà regroupés les bâtiments de la Philharmonie et de la Staatsbibliothek, le Musée des arts appliqués, le Kupferstichkabinett et la Neue Nationalgalerie –, tandis qu’un Musée hébraïque devrait être installé dans un édifice controversé dû à l’architecte Daniel Libeskind.
Hamburger Banhof-Museum der Gegenwart, Invalidenstrasse 50-51, Tiergarten, Berlin, tél. 30-397 83 40, tlj sauf lundi 9h-17h.
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Berlin, de la gare au musée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Berlin, de la gare au musée