Cette année, la mission archéologique de Ras Shamra-Ougarit (Syrie) fête son 75e anniversaire. À cette occasion, le musée des Beaux-Arts de Lyon présente de magnifiques objets de cet ancien royaume syrien, ainsi que les principaux résultats des fouilles menées sur le site depuis 1929.
Au VIIIe millénaire avant Jésus-Christ, à quelques centaines de mètres de la côte méditerranéenne, une population de paysans s’installe sur une petite colline cernée par deux cours d’eau. Le site, appelé aujourd’hui Ras Shamra (« la colline du fenouil ») se trouve à une dizaine de kilomètres au nord de la ville actuelle de Lattaquié, un port syrien important. C’est le début d’une longue histoire qui verra se développer une civilisation exceptionnelle : son évolution apparaît dans les strates qui, au cours de six mille ans d’existence, ont constitué le tell archéologique. Heureusement situé dans une riche plaine agricole, et bénéficiant d’une situation privilégiée grâce à son port bien protégé dans la baie de Minet el-Beida (ancien Mahadou), le village devient une véritable ville au cours du IIIe millénaire avant J.-C. Celle-ci est désormais connue sous le nom antique d’Ougarit, la capitale du royaume levantin qui a connu une prospérité extraordinaire au cours du IIe millénaire avant J.-C. Mais sa ruine fut brutale : au début du XIIe siècle, ce royaume est détruit par des envahisseurs, que l’on a coutume d’appeler « les peuples de la mer », d’après la formulation de textes égyptiens qui ont relaté des invasions particulièrement destructrices à cette époque, et le site est rapidement abandonné. On peut seulement retenir qu’au milieu du Ier millénaire avant J.-C., un petit village est aménagé au sommet du tell, mais il ne durera guère.
Les fouilles ont mis au jour les vestiges d’une vraie agglomération urbaine, avec un réseau de rues et de nombreux bâtiments datant de la dernière phase du royaume d’Ougarit (époque dite du Bronze récent) : un palais fortifié, des temples, des quartiers d’habitation…, même si seulement une petite partie des quelque vingt-cinq hectares du site a été explorée jusqu’à maintenant. La qualité de certaines constructions et la richesse du matériel archéologique que l’on y a retrouvé témoignent de la prospérité de ses habitants, à la fin du XIIIe et au début du XIIe siècle avant J.-C., en même temps que le mobilier utilitaire ordinaire reflète la vie quotidienne de ses habitants.
Ougarit est particulièrement célèbre pour avoir livré des milliers de tablettes d’argile, écrites en caractères cunéiformes. La majorité des textes est rédigée en akkadien, langue de la Babylonie et de l’Assyrie qui sert alors aux communications internationales de tout l’Orient ; mais beaucoup sont en ougaritique, la langue locale, transcrite à l’aide d’un système qui est le plus ancien alphabet connu. Ces textes – œuvres littéraires, rituels, correspondance, documents économiques…, aident à retracer l’histoire et les traits de la vie quotidienne des anciens habitants ; les récits mythologiques éclairent aussi certains aspects du monde de la Bible ; les correspondances royales montrent Ougarit au cœur d’un réseau de relations internationales.
L’essentiel des trouvailles est constitué par le mobilier archéologique trouvé dans les ruines de la ville et dans les tombes : objets de la vie quotidienne (vases, outils, armes, bijoux…), documents à connotation religieuse (statues, stèles…), mobilier royal (placages de meubles en ivoire, objets en or…), offrandes funéraires… La plupart des objets, œuvres d’artisans locaux, témoignent de l’habileté et de la maîtrise technique des Ougaritains. Mais de nombreuses importations – égyptiennes, chypriotes, mycéniennes… –, font discerner aussi l’intensité de l’activité commerciale du royaume, qui lui a donné une prospérité extraordinaire, notamment dans la dernière période de son histoire.
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Ougarit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°563 du 1 novembre 2004, avec le titre suivant : Ougarit