POLITIQUE CULTURELLE. Emmanuel Macron sera probablement le prochain président de la République, si le Front républicain se mobilise contre Marine Le Pen. Mais disposera-t-il d’une majorité présidentielle pour mettre en œuvre son programme ? Ce n’est pas acquis. Il est donc prématuré de le commenter. On peut cependant s’aventurer à dresser un portrait culturel du successeur de François Hollande. Emmanuel Macron est indiscutablement un littéraire et renoue en cela avec François Mitterrand. Ce goût pour les livres, il le doit à sa grand-mère, principale de collège, qu’il cite très souvent, et à sa femme, qui fut son professeur de français, qu’il cite encore plus souvent. À 16 ans, il voulait être écrivain et confesse avoir écrit deux romans non publiés. Sa proximité avec le philosophe Paul Ricœur et Olivier Mongin, le directeur de la revue Esprit, ont par la suite nourri sa pensée. Tout naturellement, cet amoureux des livres veut élargir les horaires d’ouverture des bibliothèques. Comme souvent avec les littéraires, Emmanuel Macron aime le théâtre, mais on connaît peu ses goûts en matière d’art. « La fonction présidentielle réclame de l’esthétique et de la transcendance », disait-il dans un entretien à L’Obs. La formule est belle, annonce un président passionné de culture, mais ses autres déclarations ne le montrent pas vraiment décidé à donner plus de moyens à la Rue de Valois. Il a répété et écrit à plusieurs reprises que le budget de la Culture serait stable, une façon de dire que celui-ci n’augmentera pas. Il est plutôt désireux de s’assurer que les subventions soient versées à bon escient et n’hésite pas à saluer l’entreprenariat privé de Philippe de Villiers au Puy-du-fou. Il est même par moment jacobin, appelant (dans Télérama) « à ne pas aller plus loin dans la décentralisation (...) l’État devant être le garant d’une présence culturelle ». Il est en revanche franchement européen et propose un Erasmus des conservateurs et commissaires d’exposition.
Claude Mollard, le fidèle conseiller de Jack Lang rappelle dans un livre en forme de plaidoirie (PUF, 2017) quelles furent les années Lang-Mitterrand, dont le socle fut constitué d’une relation très étroite entre le président et son ministre, tous deux désireux de bâtir, créer et inventer et s’en sont donné les moyens en doublant le budget de la Culture en 1982. Pour l’instant, le quinquennat Macron ne se présente pas sous les mêmes auspices. Mais il aime La Princesse de Clèves. C’est déjà cela.
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Portrait culturel du futur président
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°478 du 28 avril 2017, avec le titre suivant : Portrait culturel du futur président