La consternation est à son comble : le Musée d’art moderne de la Ville de Paris vient de subir l’un des plus importants vols de tableaux de l’histoire des musées français. Les cinq toiles de Braque, Picasso, Matisse, Modigliani et Léger, finement choisies, ont été dérobées à l’insu des gardiens, un méfait aidé en cela par un système d’alarme en panne. Ce larcin intervient quelques mois seulement après la disparition à Marseille d’un tableau de Degas, subtilisé au Musée Cantini le 31 décembre.
Ces vols soulèvent évidemment une multitude de questions. Même si la protection absolue n’existe pas, les musées hexagonaux doivent-ils renforcer leurs mesures de sécurité ? Ce point est d’autant plus sensible que ces établissements se trouvent face à de douloureux choix budgétaires en cette période de crise. Doivent-ils mieux protéger leur patrimoine en investissant en personnels et en équipement de sécurité, ou enrichir leur fonds en faisant des acquisitions une priorité ? Chaque institution est certes un cas particulier, mais l’ampleur du butin subtilisé à Paris laisse songeur. Les cinq chefs-d’œuvre représentent plus de cinquante ans de budget d’acquisition du Musée d’art moderne de la Ville de Paris ! Mais au-delà de la simple valeur pécuniaire, leur disparition est surtout une perte artistique majeure qui lèse l’ensemble des citoyens.
Hasard du calendrier, ce larcin intervient au moment où la Réunion des musées nationaux lance une nouvelle collection de produits dérivés inspirés de toiles de maître. On peut ainsi offrir les boucles d’oreille de Madame Jeantaud au miroir d’Edgar Degas (Musée d’Orsay), l’étole en laine ajourée des Deux sœurs de Chassériau (Musée du Louvre) ou le vase du Portrait en pied de l’impératrice Joséphine tenant une lettre d’Antoine-Jean Gros (Musée Masséna, Nice). Le nom de cette ligne qui, selon le communiqué de presse, donne la « possibilité d’emporter un peu d’art chez soi » ? « Objets dérobés » !
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Objets dérobés
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°326 du 28 mai 2010, avec le titre suivant : Objets dérobés