La création d’un petit Louvre à Abou Dhabi soulève trois problèmes dont un seul devrait faire vraiment débat : la protection des œuvres. Les deux premiers que sont le rayonnement culturel de la France et la location des œuvres n’en sont plus vraiment.
Utiliser le nom de nos musées et leur savoir-faire dans des projets internationaux ne peut que renforcer l’image de la France et œuvrer à la paix dans des régions gagnées par un islamisme radical. Il semble même y avoir un consensus politique sur cette question comme sur celle de la location des œuvres. Quelle différence y a-t-il entre un prêt d’œuvre consenti pour une exposition temporaire commerciale avec engagement de réciprocité et une location payante ?
Reste donc la question de la préservation des œuvres. Les conservateurs opposés au projet sont légitimement dans leur rôle lorsqu’ils soulignent les risques que les déplacements font courir aux œuvres. D’autant, ajoutent-ils, que ce sont toujours les mêmes cent ou deux cents pièces qui sont demandées. Le ministre a proposé l’élaboration d’une charte déontologique de l’action internationale. Attendons.
Mais, s’il est normal de s’interroger sur les prêts à l’extérieur, il est tout aussi important de s’intéresser à ce qu’il y a dans les réserves. Le récent rapport Collinet n’est pas tendre sur la « déshérence de la conservation » de certaines collections. Sait-on que de nombreux musées ne disposent pas d’un inventaire avec la localisation précise des œuvres ?
Le conseiller à la Cour des comptes formule plusieurs mesures de bon sens qui vont d’une augmentation massive des moyens humains et matériels, permettant de réaliser un inventaire général, au renforcement de l’Inspection des musées en passant par une prestation de serment des conservateurs. Tout cela coûte cher, et c’est justement ici que les revenus tirés de la location des œuvres et le savoir-faire français auraient le meilleur effet de levier. Une connaissance plus intime du patrimoine dormant ressusciterait des œuvres oubliées ou peu connues, leur conférant une notoriété aujourd’hui indispensable dans l’économie de la culture.
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Bienvenue dans le XXIe siècle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°589 du 1 mars 2007, avec le titre suivant : Bienvenue dans le XXIe siècle