PRAGUE [17.06.11] - L’art tchèque risque fort de ne pas briller dans les capitales étrangères au cours des prochains mois. Une longue procédure judiciaire opposant une entreprise de traitement de plasma sanguin, Diag Human, au gouvernement tchèque, vient en effet d’obliger le ministère de la Culture tchèque à décréter un embargo sur les prêts d’œuvres des collections nationales à l’étranger.
Depuis les années 1990, Diag Human a en effet engagé une bataille judiciaire contre l’État tchèque qu’elle accuse d’avoir nui à son commerce et à sa réputation. Les autorités auraient mis en cause la crédibilité de la société, alors baptisée Conneco, après que celle-ci eut remporté un appel d’offres lancé par le ministère de la Santé. En 2008, après un long conflit, la cour d’arbitrage tchèque a tranché en faveur de Diag Human et décidé du versement d’une indemnité de plus de 300 millions d’euros. Le gouvernement a fait appel de cette décision.
Faisant montre d’impatience, les responsables de la société ont lancé une procédure de saisie d’œuvres des collections publiques devant les tribunaux de Vienne et de Paris. Deux tableaux des peintres cubistes Emil Filla et Vincenc Benes ainsi qu’une sculpture d’Otto Gutfreund, appartenant à la Galerie Morave de Brno, l’un des principaux musées tchèques, ont été saisis fin mai dans la capitale autrichienne où ils étaient présentés dans le cadre d’une exposition dédiée au cubo-futurisme. Ils se trouvent désormais au dépôt du tribunal. À Paris, les menaces porteraient sur le centre culturel tchèque. Les services diplomatiques tchèques à Paris ont refusé de commenter cette information. Situé rue Bonaparte, dans le 6e arrondissement, le centre culturel tchèque est toutefois logé dans les mêmes bâtiments que le consulat. Ce qui pourrait interdire toute saisie, conformément au principe d’immunité diplomatique.
Le tableau La Loi et la grâce de Lucas Cranach, conservé d’ordinaire à la Galerie nationale de Prague et exposé jusqu’au 23 mai dans le cadre de l’exposition éponyme au Musée du Luxembourg, à Paris, serait en revanche reparti sans encombre. Selon la radio publique tchèque, le ministère des Affaires étrangères aurait manifesté sa désapprobation, indiquant que la saisie de biens appartenant à l’État « est contraire aux principes du droit international en matière d’immunité judiciaire des États et à la convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires ». Sur place, des voix se sont élevées en faveur d’un règlement rapide de ce contentieux. En 2001, la saison tchèque en France avait également été menacée à cause d’une affaire opposant le gouvernement à une société étrangère. D’autres procédures seraient également pendantes devant le tribunal arbitral tchèque.
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Œuvres tchèques sous embargo
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Abonnez-vous dès 1 €Ministère de la Culture - République Tchèque - © photo Hynek Moravec - 2007 - Licence CC BY-SA 3.0