Maurizio Cattelan, artiste majeur des vingt dernières années, part à la retraite. C’est officiel. À la fin de la rétrospective que lui consacre le Guggenheim jusqu’au 22 janvier 2012, le monde de l’art devra se contenter d’un corpus de cent vingt-huit œuvres, pas une de plus.
Alors autant courir tout de suite à New York pour les voir, intégralement réunies dans la rotonde du prestigieux musée, pendues au plafond à la manière de charcuteries italiennes (la métaphore vient du maître lui-même).
À l’exception de deux œuvres que leurs propriétaires ont refusé de prêter, effrayés par le péril encouru pour les pièces suspendues dans le vide, toutes les autres sont là. Elles sont pathétiques, pendues, suppliciées, parfois invisibles. La formule du digest (le meilleur de) est ici poussée à l’extrême jusqu’à la frustration la plus saine, montrant le génie de Cattelan à s’être sorti de l’exercice périlleux de la rétrospective. La fascination de la mort est désormais frontalement explicite depuis le pape Jean-Paul II terrassé par une météorite (La Nona Ora, 1999), un Hitler pénitent (Him, 2001) jusqu’aux gisants de marbre de la collection Pinault (All, 2007). L’artiste étiqueté bouffon est un angoissé. Où que l’on se trouve dans l’espace, l’effet macabre de cette célébration par l’absurde est saisissant et force l’admiration.
L’exposition démontre aux plus sceptiques le talent de cet artiste qui va laisser un grand vide. Un juste retour aux sources puisque pour sa première exposition, il organisa son évasion.
Guggenheim, 1071 Fifth Avenue, New York (États-Unis), www.guggenheim.org
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Cattelan, pot de départ en retraite
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°642 du 1 janvier 2012, avec le titre suivant : Cattelan, pot de départ en retraite