Roman Ondák - L’artiste venu du froid

Artiste slovaque de 46 ans, « difficile à gérer » d’après les ouï-dire, se qualifiant lui-même d’être obsessionnel et perfectionniste, c’est pourtant un homme charmant et disponible lorsque nous le rencontrons.

Dans un anglais parfait, il nous plonge en pleine période communiste et nous raconte l’histoire de cet étudiant qui, une année après son entrée aux Beaux-Arts de Bratislava, voit le système renversé en novembre 1989, suite à la chute du mur de Berlin. « En deux mois, tout a changé pour nous. Nous n’étions pas limités au réalisme et aux anciens, nous avions le droit de faire des choix, mais aussi de découvrir l’art contemporain et l’art conceptuel, interdits sous le communisme. » Dans cette période d’euphorie, il voyage, s’instruit, cherche sa voie et se passionne pour le travail et de Joseph Beuys et de Marcel Duchamp. Fasciné comme ce dernier par les objets du quotidien, il les place dans un autre contexte et les vide de leur matérialité.

À Bratislava, où il vit, il observe les gens et les situations et se met en tête de représenter des choses aussi immatérielles que l’attente, le temps qui passe, le « rien » d’une époque qui est pour lui si riche de sens et de vie. Décalée, conceptuelle et minimaliste, son œuvre a été exposée dans les plus grands musées du monde. Après le Musée d’art moderne de Paris, c’est le Musée Reina Sofía de Madrid qui l’accueillera au cours de l’automne 2013.