Pour la première fois de son histoire, la Bibliothèque nationale de France lance une souscription publique pour réunir, avant le 15 novembre 2012, 250 000 euros et, ainsi, ne pas laisser échapper ce chef-d’œuvre
de l’enluminure médiévale, classé Trésor national.
Royal
L’écu en losange fleurdelisé et posé sur un drap d’or, où se lisent les noms de Jésus et de Marie, représente les armoiries de Jeanne de France. À sa mort en 1482, le livre revint à Catherine d’Armagnac, seconde épouse du comte de Clermont devenu Jean II de Bourbon.
1 000 000 €
C’est le montant de l’estimation fixée par la maison de ventes Christie’s. La BNF, qui a déjà réuni 75 % de la somme auprès d’entreprises mécènes, mise désormais sur la générosité des particuliers pour compléter l’achat, en leur rappelant les avantages fiscaux prévus par la loi. L’acquisition complétera la douzaine de manuscrits de la BNF ayant appartenu à Jeanne de France.
1452
Contemporain de la Bible de Gutenberg, ce livre d’heures fut commandé en 1452 par le roi Charles VII pour célébrer le mariage de sa fille, Jeanne de France, avec le comte de Clermont, héritier du duc Charles de Bourbon.
Ornements
Les 336 feuillets enluminés sur vélin qui composent le livre d’heures sont tous ornés de bordures à rinceaux végétaux. L’or domine avec le bleu, couleur de la royauté, et le rouge, allusion au sang du Christ versé lors de la Passion. La richesse ornementale se manifeste également dans les lettrines, majuscules initiales du texte calligraphiées à l’encre brune, qui encerclent une figure ou un animal. Ici, un singe
malicieux tenant une lanterne.
Jeune Fouquet
La Flagellation est l’un des thèmes retenus pour illustrer l’une des 28 miniatures en pleine page qui composent le manuscrit. À droite du Christ à la colonne, une seconde miniature représente Pilate, suivi par l’un de ses sbires. Leur index tendu en direction de la vignette principale suggère le lien de cause à effet qui relie le supplicié à ses juges. L’auteur de ce dialogue cruel est un enlumineur anonyme connu sous le pseudonyme de Maître de Jouvenel, du nom du chancelier de France qui fut l’un de ses commanditaires. Son style lui a, jadis, valu le surnom de « jeune Fouquet ». Il partageait avec le peintre tourangeau une égale maîtrise de l’espace et de la perspective. Une rivalité qui témoigne de la perfection de l’art de cour sous Charles VII et qui justifie l’acquisition de ce livre d’heures sans équivalent dans
les collections nationales.
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Le Livre d’heures de Jeanne de France
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Abonnez-vous dès 1 €Maître de Guillaume Jouvenel des Ursins, La Flagellation du Christ, enluminure sur vélin, folio 252 du Livre d’heures de Jeanne de France, 10,8 x 7,6 cm. © Christie’s Images Ltd, 2011.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°650 du 1 octobre 2012, avec le titre suivant : Le Livre d’heures de Jeanne de France