Moataz Nasr, la condition de la femme

Projeté sur cinq écrans simultanés qui occupent à touche-touche toute la cimaise face à laquelle on entre après avoir passé une porte faite en terre, le film qu’a réalisé Moataz Nasr est d’une grande beauté. Intitulé The Mountain, il est le prétexte à une puissante réflexion sur la condition de la femme, adossée à une histoire proprement fabuleuse : celle d’une jeune fille, née dans un village au pied d’une montagne prétendument hantée, qui, après être allée faire des études à la capitale, revient chez elle pour défier, aux yeux des siens, ce qui n’est qu’une absurde légende. Omniprésente durant toute la projection, l’image de la montagne est projetée en plan fixe sur l’écran le plus à droite tandis que se déroule sur les quatre autres, en plans-séquences alternés, la vie en raccourci de Zein, figure héroïque de l’œuvre de Moataz Nasr. Tout y est filmé avec une science et un rythme parfaitement maîtrisés, notamment la séquence où Zein de retour au pays vient prendre place au beau milieu de l’assemblée des hommes, y dévoile sa chevelure coupée tout en annonçant qu’elle va aller sur la montagne. Les uns après les autres, ceux-ci se lèvent en signe de protestation et disparaissent de l’écran pour laisser place à la figure de Zein et d’un des chefs, enfoui dans son fauteuil, qui s’est assoupi et n’a rien entendu. « Les femmes représentent notre avenir, dit l’artiste. Ce sont elles qui peuvent changer le monde. »