Michael Snow est particulièrement à l’honneur cet hiver. Outre une rétrospective de ses films et une exposition au Centre Pompidou, l’artiste canadien bénéficie d’une riche actualité éditoriale. Au sommaire, un livre d’écrits, un documentaire, l’édition vidéo d’un de ses films et un copieux DVD-rom. De quoi commencer une cure mentale et sensorielle.
“Snow s’est perpétuellement ingénié à franchir les frontières entre les disciplines artistiques, comme si toutes celles qui sont convoquées dans son œuvre se rejoignaient dans une grande unité, qui serait celle de la représentation symbolique. Expérimenter pour voir ce qu’une procédure sur l’image peut produire sur le son ou le texte écrit ; ou, à l’inverse, construire l’argument d’un film sur un seul mot (This ou Presents par exemple), répondent de ce refus de séparer le visuel du sonore, l’écrit de la musique ou de l’oralité”, écrit Jean-Michel Bouhours en introduction des Écrits 1958-2001, recueil de textes de l’artiste canadien publié conjointement par le Centre Pompidou et l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Avec le présent ouvrage, la rétrospective filmique et l’exposition que lui consacre actuellement le Musée national d’art moderne, mais aussi l’édition vidéo par Re : Voir du Rameau’s Nephew by Diderot (Thanx to Dennis Young) by Wilma Schoen et la sortie, toujours en vidéo, de Sur la longueur d’onde de Michael Snow, l’instructif documentaire de Teri Wehn-Damish, tout le monde pourra aisément vérifier que chez Snow les termes “interdisciplinarité” et “multimédia” ne se résument pas à des figures de style.
Évidemment, les films du Canadien sont les premiers concernés : nombre d’entre eux travaillent l’alliance du son et de l’image – même de manière abstraite, à l’exemple de Wavelenght (1966-1967) ou de La Région centrale (1970-1971) –, ou leurs écarts (Rameau’s Nephew..., 1971-1974), quand d’autres se concentrent sur l’écriture et ses représentations (So Is This, 1982). Mais peut-être plus que les supports classiques, c’est le DVD-rom publié par le Centre Pompidou qui apportera la meilleure démonstration de ces nœuds. Servi par une navigation astucieuse et ludique, cette deuxième livraison de la série “Anarchive” (on se rappelle le premier opus, en 1999, également réussi, sur Antonio Muntadas) est une mine d’informations par les simples liens qu’elle permet d’activer. On peut ainsi passer d’extraits de films à leurs partitions papier, connecter les œuvres entre elles selon leurs procédures, se référer à un corpus de textes impressionnants et s’entretenir avec Michael Snow sur toute cette interactivité. Enfin, cerise sur un gâteau déjà très généreux, le DVD comprend une sélection d’une cinquantaine d’enregistrements réalisés par l’artiste depuis la fin des années 1940. Car Snow est jazzman de formation...
Jusqu’au 2 décembre ; exposition “Instant Snow�? jusqu’au 2 janvier, Centre Pompidou, Paris, tél. 01 44 78 12 33.
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Abonnez-vous dès 1 €Michael Snow, Des écrits 1958-2001, Paris, éd. Centre Pompidou/Énsb-a, 208 p., 18 euros ; Digital Snow, DVD-rom, coll. “Anarchive 2�? , éd. Centre Pompidou, 40 euros ; Teri Wehn-Damish, Sur la longueur d’onde de Michael Snow, zoom arrière, cassette vidéo, 56 min, éd. Centre Pompidou, 2001, 22 euros ; Rameau’s Nephew by Diderot (Thanx to Dennis Young) by Wilma Schoen, 2 cassettes vidéo VHS et livre, Paris, éditions Re : Voir, 2002, www.re-voir.com, 69 euros.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°159 du 22 novembre 2002, avec le titre suivant : Zoom avant