Décryptage

« Voyez, voyez » et plus si affinité…

Le Journal des Arts

Le 17 février 2009 - 340 mots

Une nouvelle collection documentaire sur l’art fait son apparition sur la chaîne Arte au mois de mars.

Après Palettes (Arte) et D’Art d’art (France 2), Grand’art propose une approche originale des œuvres picturales, de leur auteur et de leur histoire. « Faire regarder autre chose que ce que l’on voit spontanément », annonce Hector Obalk, historien de l’art et réalisateur de la série. À cet effet, celui-ci privilégie une approche sensuelle de l’œuvre, au plus près de ses détails et coups de pinceaux. La caméra caresse la toile, l’image s’accompagne d’une voix au timbre doux et rythmé, qui s’essouffle comme pour signifier l’impuissance des mots à décrire l’enthousiasme que suscitent les toiles de maître. L’éloge se fait de manière inhabituelle. Le commentaire sait susciter même chez les moins avertis l’intérêt pour les détails de tissu ou de chair sur lesquels il s’arrête. La peau – celle des nus de Lucian Freud, des dos puissants des baigneuses d’Ingres ou encore des gorges offertes par les Vénitiennes de Titien – est sondée par la caméra impudique et langoureuse. Le gros plan détaille l’iconographie, le travelling parcourt la composition, le zoom grossit le symbole, la surimpression fait défiler les motifs. Une relation charnelle s’instaure, contrepoint à l’expérience du visiteur de musée. Cette proximité avec l’œuvre est d’autant plus saisissante qu’elle alterne avec une mise à distance brutale, de nature sonore ou visuelle. Apparaissent alors des images du présentateur, des salles du musée, des caméras ou du processus de montage, intermèdes accompagnés de commentaires anecdotiques. Amusants et efficaces, ces artifices viennent renforcer la sobriété raffinée des peintures. L’attention du public est ainsi attirée : il lui est commandé de se pencher sur la toile ; de l’observer dans ses moindres détails, jusque dans les extrémités de son cadre ; de s’en saisir enfin.

Grand’Art, série diffusée sur Arte tous les dimanches à 20 h 15 du 1er au 22 mars, durée 26 minutes. Réalisée et présentée par Hector Obalk. Le 1er mars, « Lucian Freud » ; le 8 mars, « Ingres érotique ».

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°297 du 20 février 2009, avec le titre suivant : « Voyez, voyez » et plus si affinité…

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