Une maternité rouge

Informé sur l’ancienneté et l’importance de cette statue en bois, celui-ci va entreprendre un long voyage clandestin, à travers l’Afrique et l’Europe, dans l’espoir de confier au Louvre son trésor et de le protéger de la folie destructrice. Sortie de l’imagination du dessinateur et scénariste Christian Lax, cette statuette est la petite sœur d’une autre œuvre, celle-ci bien réelle : la Maternité rouge, chef-d’œuvre de l’art Dogon aujourd’hui conservé au pavillon des Sessions du Musée du Louvre. Prenant pour point de départ l’immigration clandestine, cette histoire rejoint, à l’heure de sa sortie, une autre actualité récente : la restitution des arts de l’Afrique. Sans rien apporter de neuf au débat, Une maternité rouge de Christian Lax démarre avec les dernières collectes des colons français avant l’indépendance du Mali en 1960 (moralement condamnables), pour s’achever sur l’utilité de protéger, un demi-siècle plus tard, le patrimoine menacé par le terrorisme, dans les musées occidentaux. Une bien-pensance qui ne retire cependant rien à la qualité de la BD. L’auteur y excelle dans l’art du dessin, vif et enlevé, et de la narration, bien menée, reprenant l’univers sombre de ses ouvrages précédents, dont Pierre qui roule (2008) et Un certain Cervantès (2015). Un seul regret : que les annexes pédagogiques d’un livre porté par les éditions du Louvre ne consacrent que quelques lignes à la présentation de l’art Dogon et au rôle d’un autre musée, le Quai Branly, dans la conservation des arts dits « premiers ».