La connaissance de l’art français du XIXe est aujourd’hui si intime qu’on ne peut conclure que sur sa diversité. C’est du moins le constat dressé par Henri Loyrette (Président-directeur du Louvre) dans sa préface du dernier opus de la collection jadis initiée par André Chastel chez Flammarion. Un XIXe dont les auteurs ont grappillé quelques années sur le volume précédent, le faisant débuter en 1819, l’année du Radeau de la Méduse de Géricault, tout en continuant à exclure le néoclassicisme, selon une tradition maison. Avec raison, sans doute. David appartient davantage au siècle passé qu’à celui du réalisme.
Une écriture narrative agréable
Jusqu’au milieu des années 1950, on réduisait le xixe à un simple face-à-face entre un classicisme qui s’académisait progressivement et une école impressionniste triomphante. Avec Courbet au milieu.
Depuis, non seulement les historiens ont mis en évidence un mouvement plus linéaire qui part du romantisme pour aboutir au symbolisme, mais ils ont aussi réhabilité la peinture de salon et l’architecture éclectique, tout en accueillant la photographie et les arts décoratifs. Ils ont même reconsidéré l’importance de l’impressionnisme qu’il est maintenant de bon ton de regarder avec condescendance.
Les auteurs, Sébastien Allard et Laurence Des Cars, appartiennent à la nouvelle école. Les inévitables regroupements et découpages ne choquent pas le raisonnement. La mise en valeur de l’urbanisme s’impose pour une histoire de l’art ouverte sur son temps. Et il appartient au préfacier, comme il se doit, de mettre en évidence toute la complexité de l’art français de cette époque et de remettre en cause sa supposée suprématie internationale.
On peut chipoter ici ou là sur quelques partis pris. Minimiser l’école orientaliste, ou ne pas situer le naturalisme dans la continuité du réalisme, par exemple. Mais, dans l’ensemble, ce volume est une très bonne synthèse. Les auteurs ont évité le piège des accumulations de faits et événements au profit d’une écriture plus narrative d’autant plus agréable à lire. Et s’il manque ça et là quelques illustrations qui seraient bienvenues quand les œuvres sont commentées, on se plonge avec plaisir dans cette histoire.
Les auteurs ont également résisté à la tentation trop habituelle d’inscrire les mouvements du xixe dans la perspective des avant-gardes du début du xxe. Ils leur ont ainsi donné la place qu’ils méritent.
Henri Loyrette (sous la dir. de), L’Art français, le xixe siècle, 1819-1905, Flammarion, 456 p., 90 €.
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Une histoire du XIXe attendue et exemplaire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°588 du 1 février 2007, avec le titre suivant : Une histoire du XIXe attendue et exemplaire