Il n’est pas fréquent que l’édition française s’intéresse à l’architecture russe… Encore lui aura-t-il fallu l’aide financière du ministère de la Culture pour se décider à publier un guide monumental de Moscou en langue française.
Jusqu’à présent, à quelques exceptions près, comme Promenades architecturales dans Moscou (éditions Flies), le public était contraint de recourir aux ouvrages anglo-saxons, largement diffusés, il est vrai, s’il souhaitait s’informer sur la capitale de la Russie. Sans pour autant satisfaire pleinement sa curiosité : Moscou, ville immense, foisonnante, comparable à nulle autre capitale européenne en raison de l’apparente inorganisation de son tissu urbain, dissuade les entreprises les plus énergiques. Bien plus qu’à Saint-Pétersbourg, il faut du temps, de la patience et de la résistance physique à qui prétend partir à sa découverte sans se satisfaire de la seule connaissance des inévitables hauts lieux.
Pourtant, la ville a souffert. Surtout dans les années soixante : l’hôtel Rossia a ravagé Kitaï Gorod, le palais des Congrès a amputé le Kremlin, l’avenue Kalinine a détruit le plus intéressant du vieil Arbat. Malgré ces pertes, qui viennent s’ajouter à celles qui stigmatisent le temps de Staline, l’équipe d’auteurs rassemblés autour de Jean-Marie Pérouse de Montclos, désormais consacré expert en guides patrimoniaux depuis ses publications aux éditions Hachette, et du savant historien de l’architecture Dimitri Chvidkovsky, a documenté six cents notices. Pour faciliter la compréhension du lecteur, qui n’est pas nécessairement averti des évolutions de l’architecture russe, les quelque cent premières pages ont été consacrées à l’histoire et à l’urbanisation de Moscou.
L’ouvrage n’offre donc pas seulement l’apparence d’un guide : c’est aussi un livre d’histoire de l’architecture. Et même un beau livre, tant est réussie l’illustration en couleur. On regrettera le nombre insuffisant des photographies en noir et blanc – par principe, chaque édifice devrait être représenté –, la qualité inégale des légendes, particulièrement des représentations d’états anciens, la sous-représentation des édifices du XXe siècle. Qu’importe ! Tel qu’il est, ce guide rendra les plus grands services à qui voudra s’aventurer sur les bords de la Moskova, dans ce qu’Alexandre Dumas appelait “la plus grande ville, ou mieux, le plus grand village de l’Europe”.
Dimitri Chvidkovsky et Jean-Marie Pérouse de Montclos dir., Moscou, patrimoine architectural, Flammarion, 480 p., 198 F. ISBN 2-08-012238-X
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un guide pour la troisième Rome
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : Un guide pour la troisième Rome