« Alors qu’à ses débuts l’installation semblait défier bien des tentatives de définition de ses frontières tant celles-ci ne cessaient de s’agrandir, aujourd’hui, c’est devenu le terme consacré pour désigner un large domaine d’activités connexes couvrant tout un éventail de médiums. L’art de l’installation englobe désormais d’autres termes tels que «intervention», «interaction», «art intérieur», «environnement », «événement» ou encore «projet» », notent en introduction de leur ouvrage commun Nicolas de Oliveira, Nicola Oxley et Michael Petry. L’observation est peut-être juste, elle marque aussi la limite d’une entreprise qui vise à circonscrire un domaine particulier de l’art contemporain, celui de l’installation. Un terme qui tient autant du médium que du discours. Par son titre, Installations II. L’empire des sens dénote pourtant le glissement progressif des problématiques liées à l’installation, de la prise en compte de l’espace comme de sa critique (tel était en partie le sujet du volume précédent, Installation. L’art en situation ?) à la production de sensations et d’expériences. Le développement de l’installation répond d’ailleurs, selon les auteurs, à la recherche par le public d’une « condition d’immersion » et suit la reprise de fréquentation des salles de cinéma depuis 1980, sans oublier le développement du « home cinema ».
La fin de l’in situ au profit d’œuvres « nomades » a, elle, procuré à l’installation une dimension équivalente à celles des autres médiums. Dans l’autre sens, l’attention accordée à l’espace n’est plus depuis longtemps l’apanage de l’installation. Le débordement de l’œuvre vers l’espace d’exposition remontant (au moins) aux derniers feux de l’expressionnisme abstrait. À l’opposé, Vitamin P, l’ouvrage récemment consacré par Phaidon à la peinture contemporaine, avait démontré la vacuité des catégorisations techniques. Servi par une maquette claire et de courtes notices sous chaque reproduction, Installations II s’apparente donc à un rapide panorama de la création contemporaine à travers les travaux de plus d’une centaine d’artistes. Il est ici question de performances (Spencer Tunick), de photographies (Beat Streuli), de vidéos (Doug Aitken), d’architecture (Jorge Pardo), de sculptures (Anish Kapoor), de monuments (Hans Haacke) et de films d’animations virtuels (Sven Påhlsson). Le tout est classé par des thématiques liées à l’évolution de l’art de ces dernières années : « Évasion », « Auteur et institution », « Échange et interaction », « Temps et récit », « Le corps du public ». À quoi bon chercher l’installation là où il y a des œuvres...
Installations II. L’empire des sens, Nicolas de Oliveira, Nicola Oxley, Michael Petry, Thames & Hudson, 2003, 208 p., 317 ill., 39,95 euros. ISBN 2-87811-232-6.
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Un concept bien installé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°189 du 19 mars 2004, avec le titre suivant : Un concept bien installé