Y a-t-il encore un intérêt à éditer des ouvrages à prétention encyclopédique sur des sujets aussi vastes que la Renaissance ? Les éditions Citadelles et Mazenod, les spécialistes du genre, viennent de rééditer leur somme sur la Renaissance italienne. De prime abord, il n’y a rien à dire, c’est du bel ouvrage. Un gros volume de plus de 600 pages, plus grand que la hauteur standard des rayons des bibliothèques d’Ikéa, bourré d’illustrations et d’un texte dense imprimés sur du beau papier. Un livre qui fait de l’effet à côté des autres ouvrages de la collection.
Un découpage traditionnel
Le sommaire est tout aussi classique et convenu. Après avoir limité son propos à la seule Renaissance italienne et à ses influences en Europe, l’auteur identifie trois périodes : le temps des découvertes et expérimentations (1400-1480) qu’il qualifie de Reconquête (sur le gothique), la période classique (1480-1520) et, enfin, le temps des floraisons finales et des contestations (1520-1600). On ne va pas ergoter ici sur ce découpage forcément contestable quand il s’agit de catégoriser des mouvements stylistiques. Puis, pour chaque période, l’auteur examine les trois disciplines majeures que sont l’architecture (qui fait l’objet du réexamen le plus complet par rapport à l’édition de 1984), la sculpture et la peinture. On ne va pas non plus critiquer la faible prise en compte des influences extérieures, notamment flamandes, sur la peinture italienne (et pourtant les échanges Nord–Sud n’ont pas circulé que dans un sens !). Bertrand Jestaz, ancien conservateur du Louvre et enseignant, est un spécialiste reconnu de la période et son approche est tout à fait respectable.
Mais, pour revenir à la question initiale, à quoi sert ce livre, coincé qu’il est entre les monographies thématiques et les ouvrages de synthèse plus vulgarisateurs ? Au plan pratique, par son format et son poids (bien plus encombrant qu’un ordinateur portable), il ne se laisse domestiquer que posé sur une table. Pas toujours simple.
Plus sérieusement, sur le fond, malgré un fil conducteur brillant et quelques synthèses enlevées, il se présente surtout comme une suite de notices d’artistes. L’absence d’intertitres rend alors la lecture malaisée. Même le répertoire iconographique final, à vocation encyclopédique, qui a établi la réputation de la collection, perd de son intérêt en n’étant imprimé qu’en noir et blanc. On sait bien que les illustrations coûtent de plus en plus cher, mais une reproduction en noir et blanc de la Naissance de Vénus de Botticelli perd beaucoup d’intérêt.
Bertrand Jestaz, L’Art de la Renaissance, Citadelles et Mazenod, 630 p.,199 €.
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Un bien beau livre sur la Renaissance italienne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°595 du 1 octobre 2007, avec le titre suivant : Un bien beau livre sur la Renaissance italienne