exposition

Un art populaire

L'ŒIL

Le 1 mai 2002 - 261 mots

Une exposition au MoMA de New York, consacrée aux livres des avant-gardes russes, met en lumière la prééminence de ce support depuis l’affirmation des premières théories modernistes jusqu’à leur instrumentalisation par le régime soviétique. Dès la première décennie du XXe siècle, les futuristes russes, rayonnistes, néo-primitivistes et cubo-futuristes s’emparent du livre pour le libérer de ses codes et de ses usages avec une extraordinaire vitalité. Intégrant le texte aux images ou faisant du texte même, de la typographie et de la composition une œuvre plastique, ils inventent une nouvelle écriture et par là même le graphisme moderne. Tirés à très peu d’exemplaires (généralement 100 à 500), mêlant poésie et lithographie, écriture manuscrite et caractères typographiques, présentant parfois des œuvres originales, ces ouvrages sont alors essentiellement destinés à un public d’artistes ou de collectionneurs. Portés par l’élan de la révolution de 1917, les suprématistes et les constructivistes en premier vont voir dans le livre un art populaire, propice à la diffusion de leurs théories et à l’éducation des masses. Jouant de l’impact immédiat du graphisme, du photomontage et de la mécanisation de la composition typographique, ils sont encouragés par le régime soviétique, qui deviendra le premier éditeur de Russie. De quelques milliers d’exemplaires, les tirages passent rapidement à plusieurs dizaines de milliers et jusqu’à près de 100 000 dans les années 30 pour des périodiques comme la Brigade des artistes ou L’URSS en construction, auxquels collaborent notamment El Lissitzky et Alexander Rodtchenko.

- NEW YORK, MoMA, 11 West 53rd Street, New York, tél 00 (1) 212 708 94 80, 28 mars-21 mai.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°536 du 1 mai 2002, avec le titre suivant : Un art populaire

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