Histoire. La peinture flamande est un formidable miroir du temps. Celle de Vermeer et de ses contemporains du XVIIe témoigne de l’ouverture de l’Europe au monde, prélude à la mondialisation.
L’ouvrage de cet historien britannique spécialiste de la Chine ne révèle pas grand-chose sur Vermeer, faute de nouveaux documents, mais raconte avec force détails les échanges commerciaux entre les continents.
Parmi les bâtiments représentés dans Vue de Delft (1660), on trouve ceux de la VOC, la Compagnie hollandaise des Indes orientales, première société par actions, créée en 1602, qui fut le fer de lance des échanges commerciaux avec l’Asie et assura la prospérité de la jeune république. Le chapeau du militaire qui fait la cour à une jeune femme dans L’Officier et la jeune fille riant (1658) pourrait être en castor. L’animal, une des premières victimes du commerce, a disparu d’Europe depuis plusieurs années, car son sous-poil est très recherché pour fabriquer des chapeaux. Au XVIIe, on l’importe du Canada où les Français se sont installés, essayant de trouver une nouvelle route vers la Chine.
La jatte de fruits dans La Liseuse à la fenêtre (1657) est en porcelaine. Les Européens raffolent des objets en porcelaine, un matériau bien plus élégant que la céramique traditionnelle et dont le procédé de fabrication est jalousement gardé par les Chinois. L’auteur estime que la VOC a ramené plus de trois millions de pièces avant que l’on identifie le kaolin au XVIIIe, base de cette céramique translucide. Ce sont des pièces de moins bonne qualité que celles qui sont réservées à la consommation locale, mais dont formes et motifs sont adaptés par les artisans au goût européen. La Chine des Ming reste cependant imperméable aux influences extérieures, comme repliée sur elle-même.
Si les similitudes avec les échanges commerciaux d’aujourd’hui sont nombreuses, l’auteur ne veut pas pour autant écrire un essai sur la mondialisation. Il s’attache à décrire « les effets du commerce sur le monde et les gens ordinaires au XVIIe ». Il use d’un procédé classique mais efficace qui consiste à raconter la grande histoire à travers le destin de quelques personnes sur un ton narratif. Cette proximité avec des aventuriers portugais, des marins hollandais ou des jésuites italiens équilibre des descriptions techniques parfois un peu trop fouillées.
Timothy Brook, Le Chapeau de Vermeer, le XVIIe siècle à l’aube de la mondialisation, Payot, 300 p., 23 e.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Timothy Brook, Le Chapeau de Vermeer, le XVIIe siècle à l’aube de la mondialisation
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°627 du 1 septembre 2010, avec le titre suivant : Timothy Brook, <i>Le Chapeau de Vermeer, le XVIIe siècle à l’aube de la mondialisation</i>