Deux catalogues raisonnés, deux styles. Alors que le catalogue raisonné consacré à l’œuvre picturale du peintre Théodore Rousseau est rédigé avec tout le classicisme et la rigueur inhérents à ce type de publication, le volume consacré à Jean Béraud présente au contraire une organisation atypique pour ce type d’ouvrage scientifique.
Élaborer un catalogue raisonné est une entreprise qui a tout d’une enquête policière. Il faut « filer » l’artiste, fouiller sa correspondance, retrouver ses amis, puis suivre à la trace le parcours de ses œuvres, ce qui est parfois loin d’être une tâche aisée. Chaque toile, dessin, pastel est recensé, photographié et accompagné d’une véritable fiche signalétique. Plus qu’un simple dictionnaire permettant de découvrir d’éventuels faux, cet inventaire vient en quelque sorte consacrer la carrière d’un artiste.
L’ouvrage très spécialisé consacré à l’un des chefs de file de l’école de Barbizon, Théodore Rousseau, témoigne de l’influence de cette peinture de paysage naturaliste et de l’étonnant héritage expérimental qu’il a légué aux impressionnistes. Complémentaire du catalogue raisonné de l’œuvre gravé paru en 1997, ce volume rassemble de nombreux textes et pas moins de 700 tableaux organisés selon une progression chronologique scientifique très classique.
Un parti pris que la publication consacrée au petit maître Jean Béraud a écarté au profit d’un découpage thématique (« Promenades dans Paris », « Plaisirs et mondanités ») correspondant à la récente exposition du Musée Carnavalet. Peintre de la vie parisienne de la Belle Époque, admirateur de Degas et de Manet, Béraud passait sa vie dans les fiacres pour capter l’effervescence de la capitale. Et à travers les quartiers et les scènes pittoresques de loisirs parisiens vers 1900, ce catalogue au goût délicieusement suranné propose une véritable promenade picturale. L’organisation thématique de ces 500 tableaux aux sujets convenus légitime pour la plupart leur intérêt. Cette mine de renseignements qu’est le catalogue raisonné révèle tout aussi bien la grande régularité d’un Rousseau que la perte d’inspiration d’un Béraud après 1914.
Michel Schulman avec la collaboration de Marie Bataillès, Théodore Rousseau 1812-1867, catalogue raisonné de l’œuvre peint, éd. de l’Amateur, 400 p., 790 F, ISBN 2-85917-264-5.
Patrick Offenstadt, Jean Béraud, 1849-1935. La Belle Époque, une époque rêvée, catalogue raisonné, coéd.
Taschen/Wildenstein Institute, bilingue franç./angl., 380 p., 260 F, ISBN 3-8228-6985-6.
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Théodore Rousseau, Jean Béraud
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°515 du 1 avril 2000, avec le titre suivant : Théodore Rousseau, Jean Béraud