L’architecture du Japonais Tadao Ando est mondialement connue pour son invitation à la méditation. Cet ouvrage est en réalité une réédition de 1996, publiée en miniature. Un bel objet carré, un cube, couverture grise, pages de différents gris avec des esquisses du maître et des photographies de l’Anglais Richard Pare à dominante grise. Le livre devrait s’appeler Couleurs du gris, à savoir déclinaison de tous les jolis gris (non sales), gris tendre, gris froid, gris vert, gris crayeux, gris bleu, gris éteint, gris lumineux, gris pluvieux, gris béton... Parfois l’éclat d’un ciel bleu vous blesse l’œil
et devient presque incongru. Voici un parti pris sophistiqué en accord avec les bâtiments bruts et raffinés de l’architecte japonais. Les images (volontairement toutes des détails) sont magnifiques et leur subtilité a tant de présence qu’elles font œuvres... d’art. Pourquoi pas ? Pourquoi les photographies ne prendraient-elles pas parfois plus d’importance que l’œuvre qu’elles sont censées photographier ? Le problème ici est de n’avoir sous les yeux que des « fragments » d’une architecture que l’on ne voit jamais dans sa globalité, et que l’on cède, une fois de plus à l’effet « chic » de l’architecture montrée sous toutes ses coutures mais vide, creusée comme une sculpture. Des maisons vidées de leurs habitants, des bibliothèques sans livres, des musées sans œuvres d’art, des salles de réunion sans fauteuils, des espaces sans la moindre petite trace de vie et sans destination, se suffisant à eux-mêmes. Pourquoi cette mode désormais lassante et dépassée
de vouloir désincarner l’architecture pour la glorifier, la privant de toute signification ? Pourquoi confondre, dans ce cas précis, méditation et vide ?
Tadao Ando, couleurs de lumière, éd. Phaidon, 284 p., 180 ill., 129 F, ISBN 0-7148-9124-X.
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Tadao Ando
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Tadao Ando