Le Caravage

Sybille Ebert-Schifferer, Caravage

Une année, deux livres

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 26 janvier 2010 - 394 mots

BEAUX LIVRES - 18 juillet 1610, Michelangelo Merisi, dit le Caravage, décède, peut-être de malaria, à Porto Ercole sur la côte méditerranéenne à une centaine de kilomètres au nord de Rome. Cette information connue depuis longtemps a été confirmée en 2001 par la découverte de son certificat de décès et devrait l’être plus encore par l’exhumation récente d’ossements retrouvés dans la crypte d’une petite chapelle de Porto Ercole.

L’identification des restes du Caravage tomberait à pic pour le quatrième centenaire de son décès qui provoque une nouvelle vague d’ouvrages sur le maître du clair-obscur. Selon Sybille Ebert-Schifferer, auteur de celui qui est sorti chez Hazan, la fortune critique du Caravage compterait plus de trois mille cinq cents publications.
 
On note avec amusement qu’Hazan et Taschen, qui vient également de publier un ouvrage sur le sujet (ci-contre), ont illustré la couverture du même portrait féminin de Judith (et Holopherne), alors que ce n’est pas ce qui caractérise le plus l’iconographie très masculine du Caravage. Mais c’est à peu près tout ce que les deux livres ont en commun. Le premier a à cœur de redresser l’image d’un aventurier querelleur et meurtrier, dessinée par les premières biographies peu flatteuses du xviie, en repartant des nombreuses sources d’époque. Emporté par son élan, l’auteur en vient parfois à contester l’interprétation de ces sources pour mieux réhabiliter son héros.
 
Le second, handicapé par une traduction au mot à mot à peine supérieure aux traducteurs automatiques, tire plus du côté de l’ekphrasis que de la biographie. Il est en cela servi par de très nombreuses reproductions qui usent et abusent des gros plans. Il est vrai que ce procédé sied à merveille au Caravage dont, au fond, l’innovation majeure réside dans la lumière projetée de biais, non diffusante, créant ainsi de forts contrastes. Cette invention séduit toujours autant, car elle rapproche spectateurs et personnages en conférant à ces derniers une grande plasticité.

Merisi a très vite rencontré le succès, au point qu’il a réalisé de nombreuses répliques de ses tableaux, et que plusieurs peintres en ont fait des copies. Le Caravage ne cesse d’alimenter le débat sur les attributions voire la chronique judiciaire, comme en témoigne la publication par Taschen des soixante-huit œuvres authentifiées, distinctes des autres. Les célébrations de l’anniversaire de sa mort devraient attiser les « découvertes ».

Sybille Ebert-Schifferer, Caravage, Hazan, 306 p., 100 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°621 du 1 février 2010, avec le titre suivant : Sybille Ebert-Schifferer, <em>Caravage</em>

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