Automne mallarméen puisque, à l‘occasion de l‘exposition du Musée d‘Orsay dont Gallimard publie avec la RMN le catalogue, La Pléiade sort le premier tome des Œuvres complètes de Mallarmé, Flammarion reprend les écrits sur l‘art et les éditions Adam Biro analysent les liens entre peinture, musique et poésie.
En cette fin 1998, pour le centenaire de sa disparition, Mallarmé sort des oubliettes. Il y a pourtant longtemps que ses exégètes réclament une mise à jour de la première édition de ses Œuvres complètes, parues en 1945 à la Bibliothèque de La Pléiade et devenues rapidement obsolètes. La parution du premier tome de la nouvelle édition, établie et annotée par Bertrand Marchal, consacrée aux œuvres créatrices en vers ou en prose, achevées ou non, et dotée d‘un appareil critique considérablement enrichi, devrait donc satisfaire cette attente. Un deuxième volume rassemblant les écrits « critiques » (le classement est souvent délicat), finira de recueillir – outre les inédits – tout ce qui a fait, à ce jour, l‘objet d‘éditions dispersées, plus un choix de la correspondance déjà rassemblée. Sans vouloir faire de Mallarmé « un auteur de morceaux choisis et de citations sorties de leur contexte » comme le redoute Marchal, le non-spécialiste peut remarquer, par exemple, le soin qui accompagne la présentation du célèbre Coup de Dés, dont les rares éditions précisément respectueuses (du format, de la disposition fragmentaire, de la typographie…) ne sont, pour dire vite, pas courantes. Pour y remédier au mieux, la nouvelle édition reproduit donc deux fois le poème. Une évocation forcément approximative d‘une possible édition définitive (compte tenu des impératifs de la collection La Pléiade) précède ainsi un fac-similé réduit de sa parution en mai 1897 dans la revue Cosmopolis.
Non conforme aux intentions de Mallarmé, cet état du poème est non seulement accompagné de l‘« Observation... » de l‘auteur mais aussi, cette fois, de la savoureuse précaution éditoriale de la revue « désireuse d‘être aussi éclectique en littérature qu‘en politique ». Ce « Frenhofer des lettres » (dixit Marchal), à l‘égal sans doute de ce personnage de Balzac, a excité la verve d‘innombrables commentateurs. Mais, de Paul Valéry (1871-1945), si « fidèle », à Mallarmé (trop peut-être), Maurice Blanchot disait déjà qu‘il lui avait « fait écran en l‘illuminant ». Aujourd‘hui, la tendance est, semble-t-il, au dévoilement. L‘exposition du musée d‘Orsay et son catalogue, auxquels collabore, entre autres, l‘éditeur des Œuvres complètes, s‘attachent ainsi à faire découvrir Mallarmé à partir, notamment, de ses manuscrits, des maquettes sophistiquées de ses textes, ou de leurs épreuves corrigées par ses soins. C‘est dans le même esprit que Jean-Michel Nectoux a choisi de restituer Mallarmé dans son époque, à travers une étude vivante et richement illustrée du dialogue complexe que le poète entretenait avec les arts et les artistes de son temps : Manet, Renoir, Degas, Debussy ou Wagner.
- Stéphane Mallarmé, Œuvres complètes, t. I, nouvelle édition présentée, établie et annotée par Bertrand Marchal, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 1600 p., 340 F, ISBN : 2-07-010326-9. - Cat. collectif, Mallarmé (1842-1898) : un destin d‘écriture, Gallimard/RMN, 208 p., 125 ill. dont 42 en couleur, 290 F, ISBN : 2-07-011605-0. - Jean-Michel Nectoux, Mallarmé, un clair regard dans les ténèbres (peinture, musique, poésie), Adam Biro, 220 ill. dont 60 en couleur, 256 p. 395 F, ISBN : 2-87660-229-6. - Mallarmé, Écrit sur l‘art, présentation Michel Draguet, coll. GF Flammarion, 410 p., 56 F, ISBN : 2-08-071029-X.
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Stéphane Mallarmé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°500 du 1 octobre 1998, avec le titre suivant : Stéphane Mallarmé