Si Jean Cocteau a exprimé, au long de sa vie, sa création artistique sous les formes les plus diverses, du dessin à l’écriture, de la peinture à la sculpture, de la photographie à la mode, à la décoration, à la céramique, c’est toujours sous la lumière de la poésie que son ardeur s’éclaire.
Il en donne une vision qui lui appartient tout entière, proche de sa définition littérale, celle de la création dans son acceptation pleine et intégrale. C’est ainsi qu’il convoque la poésie des mots, celle des formes, celle des mouvements, celle de la vie en train d’être, qui n’existe que par cet élan à se manifester, se crée et se recrée encore. Il a traversé une large première moitié du XXe siècle en touchant à tout, en s’intéressant à tous, avec toujours ce même souci d’y trouver le joyau d’une création renouvelée. C’est aussi ce qui fait de lui un témoin privilégié des courants, des sensibilités et des personnalités artistiques de son époque, qu’il aura pu approcher de près comme de loin, et dont il aura nourri sa pensée et sa plume corps et biens. Chez Cocteau, la créativité est contagieuse. Elle est une brèche qui fend le miroir du néant et dont le geste n’a de sens que dans sa forme propre d’élégance. Lorsque son écriture vient à rencontrer l’œuvre d’un artiste, ancien, moderne, principalement peintre, son regard de critique passe par la pointe de sa propre créativité avant de se dessiner. Souvent, la tournure, la formule, l’idée jaillit de l’œuvre et s’inscrit dans sa continuité. Souvent, les souvenirs, les impressions, les échanges, les moments de vie viennent y abonder. Commenter, présenter ou célébrer un artiste, plus qu’un avis donné, devient avant tout une expérience personnelle qui se raconte, qui se construit, dans une quête perpétuelle de poésie. Elle s’y trempe avant de tracer son récit. À travers ses écrits sur l’art, au travers de ses anecdotes regroupées, c’est un pan de Cocteau qui se raconte, comme un autoportrait en creux se détache sur la toile d’une époque. C’est un roman qui se détaille, à la première personne, pour mieux donner à vivre, de l’art, le moment privilégié d’une rencontre.
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Sous le poète, l’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°756 du 1 juillet 2022, avec le titre suivant : Sous le poète, l’art