Si le trompe-l’œil est un genre, son histoire est incertaine et prodigue en malentendus. Le reÂcueil publié sous la direction de PaÂtrick Mauriès privilégie certains moÂments de cette culture de l’illusion.
De l’Antiquité au XIXe siècle américain, le trompe-l’œil ne répond pas aux même règles ni aux mêmes attentes. Plutôt que de tenter une impossible histoire en bonne et due forme du genre, ce livre tente au contraire d’en singulariser différents moments et de faire apparaître les différences importantes qui les séparent. On a coutume d’en faire remonter l’origine à la peinture grecque et latine : Renaud Robert montre combien il serait imprudent d’assimiler trop vite les préoccupations illusionnistes de l’époque à l’idée moderne de trompe-l’œil. Car, comme le souligne Anne-Marie Lecoq, qui s’intéresse ici au problème du XIVe au XVIe siècle, le trompe-l’œil est "la seule catégorie d’œuvres d’art qui se définisse par référence à l’effet produit sur le spectateur".
Cette clause du genre soulève alors des questions qui vont bien au-delà de la simple approche iconographique et impose de s’interroger sur les modalités du regard, sur la crédulité à laquelle le spectateur consent. Dans un chapitre intitulé "Les tableaux de trompe-l’œil ou la dénonciation de l’illusion au XVIIe", Fabrice Faré et Dominique Chevé prennent la mesure de ce plaisir singulier qu’il y a à se savoir trompé. Peu à peu, le genre connaît cependant une désaffection pour disparaître presque complètement de nos jours, sauf dans des œuvres marginales. À moins que le principe même ne se soit converti dans les ready-made et objets trouvés qui ont pu aussi faire passer des vessies pour des lanternes. Mais ce serait l’objet d’une autre étude.
Sous la direction de Patrick Mauriès, Le Trompe-l’œil, éditions Gallimard, 320 p., 490 F. jusqu’au 31 décembre, 560 F. ensuite.
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Sous la direction de Patrick Mauriès, Le Trompe-l’œil
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Sous la direction de Patrick Mauriès, <em>Le Trompe-l’œil</em>