Sir Alice, qui sort son nouvel album Isle of You en septembre, est aussi à l’aise sur les scènes de musiques actuelles que sur la scène de l’art contemporain. Portrait.
"Je suis une grosse tête", murmure la compositrice et interprète Alice Daquet, alias Sir Alice. Une grosse tête diplômée en sciences cognitives et neurosciences, chercheur à l’Ircam, qui vous regarde de ses grands yeux bleus. Dès l’adolescence, ce fut pour elle une évidence : l’art est politique. Elle cite d’ailleurs volontiers les actionnistes viennois et Marina Abramović. Pour elle, l’artiste serbe dénonce, incarne, bouscule… et finalement l’inspire. Comme cette performance au MoMA, The Artist is Present, durant laquelle Abramović a regardé fixement le public pendant sept heures. « Un geste d’amour », s’émeut Alice.
Alice peut aussi ficher la trouille, notamment quand elle joue avec son groupe Viva and the Diva fondé avec le guitariste de jazz Maxime Delpierre. Ou lorsqu’elle allie sur scène musique et performance au Centre Pompidou, où la poupée cassée de la boîte à musique devient « The Queen », une reine shakespearienne déshabillant sa rage. Parce que Sir Alice est aussi artiste. En 2005, déjà, elle a exposé à la Fondation Cartier une installation sonore. L’année suivante, elle etait invitée à la Nuit blanche à Paris pour y réaliser une performance de dix heures : Le Bleu du ciel. Sir Alice ne cesse de s’exposer donc, parfois recouverte de poissons morts…
C’est en 2008 qu’elle présente sa première exposition personnelle au Consortium de Dijon. Déjà, ses premières installations posent la question du son. Le son qu’elle essaie de partager. Comme elle le partage sur Isle of You, son nouvel album. Sir Alice y croise ses mots avec l’égérie punk américaine Lydia Lunch et le chanteur de Poni Hoax, Nicolas Ker. Cet été, elle a collaboré avec la chorégraphe Julie Nioche pour une création en Avignon : Héroïnes. Pourtant, même entourée, Sir Alice reste solitaire : « J’ai inventé seule ce que je fais. C’est parfois difficile pour mon entourage de me comprendre. Mais, pour moi, tout est cohérent ! »
Son obsession du moment : l’impossibilité d’expression, l’ambiguïté du sens. Elle qui cherche la relation d’écoute intérieure pense à recouvrir un mur de textes en phonétique s’étalant comme des hiéroglyphes. Pense à une sérigraphie d’impressions de sons, vus mais non dits… Reste pour nous à tendre l’oreille.
Sera rejoué au Forum, scène conventionnée du Blanc-Mesnil, du 29 novembre au 1er décembre 2012, www.leforumbm.fr
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Sir Alice - Le son et l'image
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°649 du 1 septembre 2012, avec le titre suivant : Sir Alice - Le son et l'image