Cinq lettres et un mot à prononcer comme il s’écrit : Roven. Ne cherchez pas, ce titre ne vous dira rien.
Il ne signifie rien d’autre que lui-même. Lorsque les fondatrices de la « revue critique sur le dessin contemporain » cherchent un titre pour coiffer leur premier numéro au printemps 2009, c’est ce mot qui sort du chapeau. « Nous avions bien cherché du côté du vocabulaire du dessin, mais cela faisait un peu daté », se souvient Marine Pagès. C’est donc en dissertant sur leur passion commune pour Giotto que le titre est venu. « Sa sonorité nous évoquait le nom de Scrovegni », ce banquier pour lequel le primitif italien réalisa la décoration d’une chapelle à Padoue, en Italie. Treize ans et seize numéros plus tard, ce titre improbable, que « tout le monde trouvait nul au départ », ne signifie toujours rien. En revanche, il a fini par désigner quelque chose : l’une des revues spécialisées les plus pointues, mais aussi les plus qualitatives, sur le dessin.
Marine Pagès et Johana Carrier, les deux fondatrices, se sont rencontrées à l’université, en histoire de l’art. La première est devenue artiste après avoir fait les Beaux-Arts de Paris, la seconde traductrice et commissaire d’expositions. L’idée de créer une revue leur est venue lors d’un apéro en 2008. « Nous avions envie d’un bel objet qui regroupe des articles sur le dessin et ses possibilités », raconte Marine Pagès. Le goût de l’époque était alors revenu au dessin, et le moment propice au lancement d’un nouveau titre spécialisé. Les ingrédients de la formule sont jetés dès le premier numéro, presque de manière instinctive, et n’ont guère bougé depuis : une couverture à rabats confiée à un dessinateur peu connu, un entretien d’artiste par un autre artiste, un tunnel de portfolios, la bibliothèque idéale d’une personnalité de l’art et des « ponctuations » graphiques confiées à un dessinateur, le tout servi par le graphisme impeccable d’élégance de Sylvie Astier. Chaque numéro est imprimé à 1 500 exemplaires et diffusé par Les Presses du réel. L’économie générale est certes restée « solidaire », regrette Marine Pagès, mais l’engouement des artistes et la fidélité des auteurs témoignent à eux seuls du bien-fondé de l’aventure – ce que confirme le grand nombre de numéros épuisés.
Pour son nouveau numéro, présenté du 19 au 22 mai 2022 au salon Drawing Now, à Paris, les rédactrices en chef ont choisi le thème du « monstre ». Une édition qui s’inscrit dans la lignée des numéros thématiques de Roven, dont « Le carnet de recherches » en 2013 et le formidable « Dessin et son » en 2020. La couverture a été cette fois confiée à Frédéric Fleury (né en 1973), dessinateur de créatures et de bêtes monstrueuses devenues les gardiennes d’un temple où l’on croise, au fil des pages, Victor Hugo, Elmar Trenkwalder, Serigne Ibrahima Dieye, Fred Deux et Serin Moon. « Ce numéro “monstre”, c’est notre numéro 16, un peu notre numéro adolescent », sourit Marine Pagès.
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Roven, revue monstre !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : Roven, revue monstre !