Richard Di Rosa

« Mon rêve en musique, disait jadis Cocteau, serait d’entendre la musique des guitares de Picasso. » Les visiteurs de la Cité de la Musique, à la Villette, peuvent découvrir dans une immense vitrine une commande publique de Richard Di Rosa dont les figures filiformes swinguent au son des instruments qu’elles jouent. Celle-ci tient une monumentale clarinette jaune, celle-là une guitare rouge, cette autre un violoncelle couleur terre. La Bande à Buddy se déchaîne et la musique bat son plein dans un paradoxal silence plastique. Mais si l’on s’approche de la vitrine et que l’on tend bien l’oreille, alors la voici qui monte petit à petit en vous pour finalement vous envahir complètement. « La poésie est invasion, disait le même Cocteau, et non évasion. » De poésie, l’œuvre vive et colorée de Richard Di Rosa est faite. Une poésie simple et directe, accessible à tous, que fonde un indiscutable sens du rythme des couleurs et des formes. Le rythme, Buddy l’a dans la peau. Originaire de Sète, il n’a que quinze ans, en 1978, quand il forme avec Robert Combas et Ketty Brindel un groupe de rock appelé « Les Démodés », occupant la place de batteur. Il ne se contente pas de jouer de la musique, il en écrit, fait un 45 tours, des concerts ici et là... ; ça va à toute vitesse dans la frénésie d’une jeunesse impatiente de vivre et qui voit émerger la Figuration Libre. Richard y adhère, passionné qu’il est de modelage, puis très vite trouve ses propres marques pour s’inventer une sculpture généreuse et ludique dans l’intelligence d’une histoire. « Buddy Di Rosa se range parmi les rares sculpteurs joyeux. Combien y en a-t-il ? Ils se comptent sur les doigts d’une main : Calder, Tinguely, Oldenburg, Miro, Niki de Saint-Phalle. Il faut dès à présent y ajouter Buddy Di Rosa », notait dans les années 1980 le critique d’art Otto Hahn.