René Magritte, écrits complets

La présente édition des écrits de Magritte vient compléter dans un parti pris délibérément plus exhaustif que critique toute la documentation que l’on pouvait trouver sur le peintre. Sont rassemblés, aussi bien les textes destinés à la publication que les diverses participations de l’artiste aux revues de l’époque, les tracts, les bribes de scénarios, de romans policiers, les multiples interviews et lettres, bref tous propos ou écrits pouvant être attribués à Magritte. Cela conduit forcément à des répétitions, mais présente aussi l’intérêt de pouvoir approcher la « figure » de Magritte selon deux modes de vision : le zoom et le panoramique. Le lecteur peut tout aussi bien glaner des petites remarques propres à rendre le personnage plus intime, que voir apparaître par la récurrence de certains propos, ce que l’on pourrait appeler , « les idées fixes » de Magritte. La ressemblance, l’étrange, le familier, Fantômas , et surtout le mystère. Non pas le mystérieux, mais le « mystère inexplicable », à la fois genèse et génération de l’œuvre. Rejetant toute forme déterminante, explicative, de l’œuvre et de sa conception, Magritte conteste aussi toute justification du mystère par l’inconscient. La psychanalyse n’est dit-il, qu’« un mode d’interprétation parmi tant d’autres », tandis que la psychologie « s’occupe de faux mystères ». A la lumière de ces écrits, Magritte s’affirme comme véhiculant une « conception » de la peinture surréaliste, à la différence des peintres surréalistes belges, uniquement préoccupés selon lui par l’«esthétique surréaliste », or pour le citer  « il faut que la peinture serve à autre chose que la peinture ».