Raphaël

Citadelles & Mazenod consacrent, ce douzième volume de la collection « Les Phares » à l’œuvre de Raphaël. L’auteur du texte, Pierluigi de Vecchi, président de la commission scientifique de la décevante exposition qui se tenait au Sénat ces derniers mois, « Raphaël, grâce et beauté », est connu depuis longtemps pour ses travaux universitaires sur l’artiste et la Renaissance italienne. Bien qu’il ne sorte pas des sentiers battus, le texte constitue une synthèse réussie des documents contemporains de l’artiste et de ceux qui ont été écrits depuis sa mort, survenue en 1520. Par une approche chronologique et résolument classique, l’auteur alterne analyses iconographiques et iconologiques : de la cour d’Urbin sous Federico da Montefeltro à la Rome de Léon X ; de son apprentissage chez son père, Giovanni Santi, puis dans l’atelier de Pérugin, aux grandes œuvres romaines, notamment les fresques vaticanes. Il rend compte aussi de la culture qui traverse le travail de ce peintre également architecte, des modèles imités sans fin pour être ensuite réinventés, de son entourage, de son atelier. De Vecchi n’en dégage pas pour autant de problématique, si ce n’est l’évocation qu’il fait, partant d’une gravure de Marcantonio Raimondi, de l’artiste visiblement « plongé dans ses pensées », en proie à la mélancolie. Lancée en toute fin de conclusion, cette remarque ne fait que perpétuer la comparaison, discutable, entre Raphaël et Michel-Ange. Elle n’engage pas une lecture nouvelle ni des propos qui se tenaient à ce sujet déjà du vivant de ces deux hommes, ni de ce qu’en ont écrit Klibansky, Panofsky et Saxl en 1964. Sans surprise, cette édition a cependant l’avantage d’exposer les faits et d’établir ainsi un excellent ouvrage de vulgarisation par ailleurs richement illustré.