Pour ses 35 ans, Taschen s’offre une « bibliothèque universelle »

Le projet peut être vu comme une aventure commerciale : rééditer dans un format réduit des titres dont les coûts initiaux ont été amortis et dont on est certain qu’ils trouveront leur public relève du bon coup éditorial. Mais pas cette fois ; ou pas seulement. Car, avec cette collection dont le titre ne cache pas ses ambitions, « Bibliotheca Universalis », Benedikt Taschen n’a peut-être jamais été aussi proche d’accomplir son objectif de rendre accessibles tous les livres d’art. Près de cent titres donc, dont une cinquantaine prévue cette année, sont édités au prix unique de 14,99 euros. Parfaitement, vous avez bien lu : 14,99 euros. Oui, 14,99 euros seulement, pour des ouvrages qui pouvaient valoir jusqu’à 150 euros lors de leur première édition ! À ce prix-là, dira-t-on, il ne peut s’agir que d’un ersatz de collection, réimpression bâclée de titres « phares »… Sauf que tous les ouvrages, sous leur reliure rigide et leur surcouverture à rabat, affichent une fabrication soignée et une impression identique à l’édition originale. Mieux, aucun des livres de cette bibliothèque universelle n’est une simple « réduction » de l’original, les mises en page ayant toutes été adaptées au format unique de la collection (14 x 19,5 cm), afin de ne nuire ni à la lisibilité des textes ni à celle des images. Ainsi, les Cent vues célèbres d’Edo d’Hiroshige, dans leur édition « universelle » de 2015, ont-elles dû repasser entièrement au marbre par rapport à l’édition grand format en reliure japonaise (pages pliées en deux) sous coffret de 2007. Même chose pour les Photographes A-Z, précieux dictionnaire des photographes illustré de leurs principaux livres. La collection englobe tous les champs de l’éditeur : la peinture (avec les monographies sur Van Gogh, Monet, Dalí ou l’œuvre graphique de Vinci), la photographie (Araki, Blossfeldt, Muybridge ou La Photographie du XXe siècle…), les titres sur les arts décoratifs (50s, 60s, 70s, etc.), ainsi que ces magnifiques livres rares, comme Le Cabinet des curiosités naturelles d’Albertus Seba, qui font la réputation de l’éditeur.