Patrimoine et identité

“Patrimoine et passions identitaires”, la formulation du thème de ce colloque semble chargée de connotations négatives, alors que nombre des intervenants se sont attachés à mettre en évidence le rôle moteur du concept d’identité dans la préservation des traces du passé et leur mise en valeur. Alésia, la Vendée, la Provence sont autant d’exemples des liens complexes qui se tissent entre une population et son patrimoine, relation non dénuée d’ambiguïtés dans le cas des châteaux “cathares” ou des mégalithes bretons. Le cas de Jérusalem souligne a contrario la perversion de la politique patrimoniale en quête des origines et en justification territoriale. Si nombre de contributions, dues aussi bien à des universitaires qu’à des conservateurs, se révèlent utiles, d’autres pêchent par confusion et auraient gagné à une réécriture avant publication.

En complément, on pourra lire l’opuscule de Patrice Béghain, au titre et à la couverture aussi engageants qu’un rapport du Conseil des Impôts, qui rappelle rapidement les étapes constitutives de la notion de patrimoine, son extension galopante et son émancipation progressive des revendications identitaires. Effectuant une synthèse des nombreux travaux récents consacrés à cette question, il décrit ce qu’il appelle “le passage à l’âge adulte du patrimoine”. Non sans quelque naïveté bien-pensante, il appelle de ses vœux une politique patrimoniale plus citoyenne, prenant mieux en compte la demande sociale, notamment par la conjugaison de la décentralisation et de la déconcentration. Signalons par ailleurs la parution de la deuxième édition du “Que sais-je ?” consacré aux Monuments historiques en France par Jean-Pierre Bady. Déclinant tous les aspects de la question, cet ouvrage ne fournit pas, sur certains sujets, les chiffres et statistiques les plus récents.