FRANCE
La rédaction du « Journal des Arts » a sélectionné quatre récits romancés qui vous feront voyager dans l’histoire de l’art, et une autobiographie « vérité », celle d’Orlan.
Autobiographie. Pendant le premier confinement, privée de voyages, Orlan s’est attelée à l’écriture de cet ouvrage. Interrogation sur sa culture judéo-chrétienne, et au-delà, sur l’art occidental ; opérations chirurgicales-performances mettant en jeu sa propre image afin d’en susciter de nouvelles ; « Self-hybridations » en lien avec les cultures non occidentales : l’histoire de ses œuvres, selon cette pionnière de la performance, peut être décrite en trois grands chapitres. Il lui en faut en revanche plus d’une trentaine pour raconter sa vie, son art. De sa venue au monde à son divorce à l’amiable, en passant par son manifeste de l’« Art charnel » rédigé en 1975, l’artiste dit tout. Si cette autobiographie n’a pas une valeur littéraire extraordinaire, elle constitue un document sur une époque et une trajectoire artistique. « Le moi est une fiction », affirme Orlan, mais qui s’écrit à la première personne.
Histoire. Le 8 avril 1820, sur l’île de Milo, un jeune marin français féru d’archéologie flâne sans but, rêvant de trésors, lorsqu’il tombe nez à nez avec un paysan grec déterrant un morceau de marbre. Simple matériau de construction pour l’autochtone, le bloc sculpté est la rencontre d’une vie pour Olivier Voutier : il vient de découvrir la Vénus de Milo. Le marin est vite doublé par un autre jeune ambitieux, Jules Dumont d’Urville, qui s’attribuera la découverte du chef-d’œuvre antique avant de devenir l’explorateur de l’Antarctique. C’est le premier nom célèbre d’une longue série de personnalités qui croiseront au fil du temps la route de la Vénus de Milo : dans un récit vivant, Candice Nedelec déroule une galerie d’époque et de personnages pour qui la Vénus fut un enjeu esthétique, politique ou diplomatique. De Louis-Philippe à Niki de Saint Phalle en passant par Delacroix et Théophile Gautier, on découvre dans ce Roman vrai de la Vénus de Milo la vie trépidante de cette Statue.
Roman. Des instants où tout bascule, d’autres où rien ne se passe, des déceptions, des joies, des attentes… En vingt et une scènes et autant de personnages principaux, Marianne Jaeglé ramène la figure de l’artiste sur Terre, loin des mystères de la création. Ces femmes et ces hommes ne sont-ils pas des humains avant d’être des génies ? Comme tout un chacun, Léonard de Vinci cède à la nostalgie, Théophile Gautier connaît un amour contrarié, Albrecht Dürer est submergé par la déception. Inspirés d’éléments biographiques souvent avérés, quelquefois fantasmés, ces moments de vie sont le prélude à une grande œuvre ou son épilogue. En rassemblant ces vingt et une scènes de la vie d’artistes de toutes disciplines et de toutes époques, Marianne Jaeglé laisse voir au lecteur la naissance de l’étincelle créative dans les passions les plus communes, mais aussi les plus Romanesques.
Roman. À la fin de son livre, l’autrice révèle que ses personnages sont réels. Plusieurs d’entre eux ont vécu le « massacre de la rue Transnonain » (14 avril 1834) ou y ont participé. Experte en estampes, Hélène Bonafous-Murat [contributrice au JdA] s’est inspirée de l’œuvre d’Honoré Daumier témoignant de ce massacre pour camper les protagonistes. Elle n’a cependant pas écrit leur biographie mais imaginé leur vie. Dans ces années 1850, travaillées par une intense fermentation politique, on trouve l’affairisme et l’injustice sociale, mais aussi la foi dans le progrès et la possibilité de réaliser ses rêves. Accompagnant un jeune homme prénommé Charles et amputé d’un bras à l’issue de cette tragédie, c’est toute une société que fait revivre l’autrice, des quartiers parisiens en démolition aux usines de banlieue et des salons des nouveaux riches aux cafés où s’échangeaient les idées. Mais c’est vers un nouveau monde qu’elle choisit finalement de conduire son Héros.
Roman. 1079. Avner est juif. Chaque jour, il se rend au monastère catholique d’Acre livrer son poisson. Alors que sa religion lui interdit le recours aux images, son regard se pose un jour sur une icône. C’est une révélation : il sera peintre. Talentueux, il va apprendre à préparer le bois, les pigments, les vernis puis à « écrire les icônes ». Mais lui qui savoure la vie et aime à en célébrer les plaisirs va vite se retrouver engoncé dans des canons de représentation stricts et austères. Il s’émancipe, au risque de pécher par orgueil et d’attiser les jalousies. Les chapitres, brefs au début du livre, s’allongent au fur et à mesure qu’Avner avance et que sa quête gagne en consistance. Aux confluences du judaïsme, du catholicisme et de l’islam, d’Acre à Capharnaüm en passant par Tibériade, un récit initiatique qui exalte les sens et qui conduira Avner à trouver la finalité de son art : peindre les âmes.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Nos romans de l’été
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°571 du 9 juillet 2021, avec le titre suivant : Nos romans de l’été