De ce photographe allemand, brillant élève de la fameuse école de Düsseldorf et des époux Becher, l’on connaissait surtout les larges compositions sur le thème de l’espace public, dans un esprit classique renvoyant à la peinture flamande du milieu du XVIIe siècle. Ces œuvres s’affirmaient par leur caractère majestueux en même temps qu’aéré, empreint de statique sérénité. La parution de son nouveau livre, intitulé New pictures from paradise, tranche radicalement avec cette démarche. Nous ne sommes plus ici dans l’espace clos et aseptisé du musée, dans un monde propre et ordonné par l’homme. Mais bien au cœur de la nature, dans ce qu’elle a de plus sauvage, de plus primaire : la forêt tropicale. La jungle, anarchique, hantée par les esprits, somptueuse et rebelle à toute tentative de mise en coupe réglée. Australienne, chinoise, japonaise ou « simplement » californienne, la forêt profonde inspire, comme elle l’a toujours fait, la rêverie poétique, la réflexion rousseauiste, les belles envolées picturales. Dans ces troncs à l’infini, ces lianes emmêlées, ces millions de feuilles bruissantes, il y a toute l’énergie de la gestuelle d’un Pollock, référence que Thomas Struth n’a pu ignorer face au potentiel graphique de cette belle nature en liberté. Ses images ne sont pas celles d’un paradis perdu, mais d’un écosystème gravement menacé. De sa survie dépend la nôtre. N’est-il pas moral, au fond, que la vie même soit ainsi tributaire de la beauté ?
- Thomas Struth, New pictures from paradise , éd. Schirmer-Mosel, 56 p., 69,95 e.
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New pictures from paradise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°536 du 1 mai 2002, avec le titre suivant : New pictures from paradise