Napoléon III et ses musées

La violence du coup d’État du prince Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, en 1851, et les défaites militaires de 1870 face à la Prusse restent les symboles d’un pouvoir autoritaire, injuste et décadent. Pourtant, depuis quelques années, les historiens se penchent à nouveau sur le règne de Napoléon III, pour essayer d’en saisir la complexité. C’est ainsi que dans le domaine culturel et artistique, le régime est le théâtre de nombreuses évolutions. Arnaud Bertinet publie ici une étude précieuse sur les rapports que le pouvoir impérial a entretenus avec les arts, sous le prisme des développements connus par les musées français. Il rappelle que la notion d’archéologie nationale est apparue précisément à cette époque. La volonté impériale d’enraciner son pouvoir conduit à la création du Musée des antiquités nationales (l’actuel Musée d’archéologie nationale) au château de Saint-Germain-en-Laye. C’est aussi durant le second Empire que le Musée du Louvre prend son envol. Les espaces restreints qui lui sont alloués jusqu’alors dans l’enceinte d’un palais que rois et empereurs occupent se voient élargis, et les collections sont désormais accessibles au public. Le corps des conservateurs se professionnalise pour répondre à ces évolutions. Enfin, l’une des avancées marquantes aura été la décentralisation des collections nationales. Les musées des beaux-arts en régions se voient dotés d’œuvres majeures que le Louvre ne peut pas montrer sur ses cimaises. Il ressort alors de la lecture du livre que les préoccupations des gens de musées du XIXe nous paraissent bien proches des nôtres.