Mouvantes installations

Il s’intitule sobrement : Installations. Relevant souvent de la coquetterie, le pluriel a ici son importance. C’est, écrit l’auteur, que « La déclinaison interminable d’installations, la pluralité d’orientations, l’importance qu’ont prise les nouveaux médias rendent quasi impossible de proposer une vision d’ensemble de cette pratique sur une période aussi étendue et en mutation permanente qu’est la seconde partie du XXe siècle. » En effet, qu’est-ce qui relie Boltanski aux Kabakov, à Pignon-Ernest et à Shiota, voire au projet Metzer-Messer, réalisé par une dizaine d’artistes en 1972 pour tenter de réunir les communautés israélienne et palestinienne, à laquelle est consacré un chapitre ? Pas grand-chose, sauf qu’il s’agit de la forme artistique qui, ces dernières décennies, a connu un succès exceptionnel auprès des artistes et des institutions. Dans sa volonté de dégager les principes unificateurs de l’installation, depuis le Merzbau de Schwitters (considéré comme la première installation), Goldberg parvient à garder une distance critique avec son sujet, qu’il qualifie de « pot-pourri de toutes les activités avant-gardistes ». Là où l’auteur aurait pu développer une pensée fleuve, il a fait au contraire le choix d’une succession de courts chapitres comme autant d’études : « L’œuvre et son lieu », « De l’exposition à l’installation », « L’œuvre d’art totale » (Goldberg voit dans l’installation la réalisation du projet romantique), etc. Un choix judicieux qui facilite la lecture et la compréhension de ce livre que même les nombreuses notes ne parviennent pas à alourdir.