Maurice-Quentin de La Tour, Prince des pastellistes

Depuis la monumentale monographie d’Albert Besnard et Georges Wildenstein parue en 1928, Maurice-Quentin de La Tour (1704-1788) n’avait fait l’objet d’aucune publication en France. L’ouvrage que lui consacrent aujourd’hui Christine Debrie et Xavier Salmon aborde tous les aspects de la vie et de l’œuvre du plus renommé des pastellistes du XVIIIe siècle. Ambitieux, La Tour se forme seul, observant les œuvres de Jean Restout (pour le volume des visages), de Georges de La Tour,
ne poursuivant pendant toute sa carrière qu’un seul but, être portraitiste et peindre la vérité des visages. En 1733, Louis de Boullogne, premier peintre du roi depuis 1724, lui dit : « Vous ne savez ni peindre, ni dessiner, mais vous possédez un talent qui peut vous mener loin ». Il avait décelé la singularité de cet observateur qui peut saisir du premier coup les traits d’un visage, avec un souci obsessionnel de ressemblance, en laissant transparaître dans le velouté du pastel l’âme du personnage. D’où l’intérêt porté par l’artiste à l’expression des yeux, au dessin des lèvres et au modelé délicat des chairs. Le portrait de Voltaire qu’il réalise en 1735 lui assure une reconnaissance officielle. Suivront, parmi d’autres chefs-d’œuvre, le portrait de Gabriel Bernard de Rieux (1741), La Marquise de Pompadour (1755), une série de portraits de Louis XV, auquel il reste fidèle durant toute sa carrière. L’ensemble des œuvres réunies dans ce livre très documenté et richement illustré apporte le témoignage artistique, historique et humain d’un grand maître de la physiognomonie, qui adhère pleinement à son époque et en représente les grandes figures avec un souci unique de perfection.