L’abondante correspondance qu’eut Matisse avec André Rouveyre, son ami et ancien collègue de l’atelier de Gustave Moreau (ils y sont admis respectivement en 1895 et 1898), laquelle couvre surtout les dernières années de Matisse à partir de 1941, aurait pu se révéler intéressante pour un admirateur de l’œuvre matissienne si les deux amis n’avaient pas été aussi intimes. Parce qu’ils se connaissent trop bien, qu’ils se téléphonent ou se voient souvent (Rouveyre est à Cannes et Matisse à Nice), leurs propos ressemblent à ceux des couples qui ont vieilli ensemble dans une profonde affection. Deux sympathiques septuagénaires s’entretiennent ainsi de leurs petites ou grandes maladies, surtout Matisse, qui passa ses dernières années au lit ou assis, du bon et du mauvais temps, qui se trouve être le même, étant donné la distance qui sépare les deux villes, de savoir s’il vaut mieux acheter tel vêtement, si Rouveyre ne pourrait procurer une paire d’espadrilles à Matisse ou lui faire parvenir deux kilos d’olives. Même quand ils se trouvent tous deux à Vence durant plusieurs semaines, ils s’écrivent encore d’un jour sur l’autre ! Quelle belle amitié ! Que d’anecdotes cocasses ! Mais comme tout le monde... Des illustrations (dessins et croquis des lettres ou des enveloppes) sont reproduites, et quelques idées sur leur travail surnagent néanmoins dans ce flot d’échanges banals parce que trop quotidiens, et surtout éloignés de ce que l’on est en droit d’attendre de la part de l’artiste Matisse au travers d’une mise au point éditoriale. Car c’est la correspondance artistique de Matisse qui importe avant tout, et c’est elle qui doit conduire à des considérations biographiques et non l’inverse. Un choix judicieux de lettres aurait évité un parcours pénible au lecteur en quête de véritables propos esthétiques.
Matisse, correspondance avec André Rouveyre (1905-1954), éd. Flammarion, 200 ill. coul., 200 croquis, 680 p., 660 F, ISBN 2080-1018-38.
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Matisse, correspondance avec André Rouveyre (1905-1954)
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Matisse, correspondance avec André Rouveyre (1905-1954)