Mariano Fortuny, un magicien de Venise

Bienvenue dans le passé, dans une Venise figée à la Renaissance, la Venise onirique et luxueuse
du peintre, décorateur, poète, scénographe, photographe et créateur de tissus désormais mythiques, Mariano Fortuny. Cet ouvrage sur la vie et l’œuvre de celui qu’on surnommait l’Espagnol de Venise fait enfin l’objet d’une réédition. Il faut dire que le nombre de ses recherches, inventions et brevets est assez important pour qu’on y consacre un ouvrage aussi richement agrémenté de photographies d’époque de détails de textiles chatoyants et de mises en scène de vêtements (ces dernières étant malheureusement préjudiciables à la beauté de l’ensemble). Le livre fait la part belle à l’histoire de ces étoffes et de ces tenues tout droit sorties de tableaux de Carpaccio ou d’un Orient fantasmé, dont Fortuny s’est imprégné pour créer des gandouras, des burnous et des robes d’inspiration grecque dans ce plissé permanent qui fit sa gloire et porte son nom. Il a habillé les plus belles femmes et les plus célèbres, d’Isadora Duncan à la grande Sarah Bernhardt. Son art perfectionné fascine plus que cet homme taciturne, « reclus volontaire », réfugié dans son palais vénitien des Mille et Une Nuits, dédale de métiers à tisser et d’ateliers précieux. De ce voyage dans un temps révolu, on retiendra plutôt l’extraordinaire vitalité créatrice de cet homme, son étonnante soif de perfection, son apport à la scénographie théâtrale et à la mode. Dans les années 20, n’est-il pas l’un des premiers à avoir conçu une tenue taille unique qui mette en valeur toutes les femmes ? Issey Miyake n’a qu’à bien se tenir.