Surnommé l’« Ingres de l’existentialisme » par Herbert Read pour la précision de son trait et ses études de clairs-obscurs dans les années 50, Lucian Freud (né en 1922 à Berlin), s’est ensuite imposé avec une peinture réaliste d’une rare puissance, qui lui vaut aujourd’hui d’être considéré comme l’un des plus grands peintres vivants. Dès 1958-59, sa peinture devient plus épaisse, s’intéresse davantage aux volumes, aux modelés, donnant vie à la chair, à la peau des personnages dans des gammes subtiles d’ocre et de gris. Les portraits des années 60, comme Tête d’homme (autoportrait) ou John Deakin (1963), sont intenses et fascinants. Les regards sont fixes, les modèles ne dévoilent rien de leur personnalité, mais touchent par leur présence, le poids des corps et leur proximité. Le spectateur entre véritablement dans la peinture, riche, épaisse, à la fois sensuelle et cruelle. Allongés, les cuisses béantes et le sexe offert, les nus féminins et masculins, très nombreux à partir des années 80, sont peints dans leur vérité la plus crue (Rose, 1977, Homme nu au rat, 1978). Avec cette profonde humanité qui traverse tout son art, Lucian Freud émeut et dérange. Ce superbe ouvrage, illustré d’une centaine d’œuvres produites entre 1947 et 1987, retrace l’itinéraire d’un peintre solitaire qui n’a jamais cessé de peindre magnifiquement la solitude.
- Robert Hughes, Lucian Freud, éd. Thames & Hudson, 106 p., 112 ill., 29,95 euros.
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Lucian Freud
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°535 du 1 avril 2002, avec le titre suivant : Lucian Freud