Ils s’appellent Boltanski. L’un se prénomme Luc, l’autre Christian. L’un est l’aîné, l’autre le cadet. Si le petit est plus connu que le grand, c’est que les arts plastiques ont plus de visibilité que la poésie. Qu’il est finalement plus facile d’être artiste que poète dans un monde où l’image l’emporte sur le mot.
Luc et Christian Boltanski sont respectivement nés en 1940 et 1944, l’ouvrage de poèmes intitulé À l’instant, signé du premier et imagé par le second, révèle à le feuilleter dans un tout premier temps la sorte de fraternelle complicité qu’ils entretiennent. Une complicité fondée sur un rapport à la mémoire et que sanctionne une dialectique du fragment et de la dispersion. Constitué d’un cycle de poèmes formé de quatre parties, composées entre 1989 et 2002, le livre de Luc Boltanski trouve sa cohérence tant dans la récurrence des thèmes – le souvenir, la mort, l’enfance, l’errance, etc. – que dans un protocole formel qui lie chaque poème à son commentaire. Un « livre à écouter et à voir », où les jeux de références opèrent en qualité d’écho bien plus qu’ils ne servent à illustrer le propos de l’auteur.
De même que, comme l’écrit l’auteur : « On aura compris que le poème n’est ni dans les vers, ni dans leur commentaire. Qu’il est dans l’entre-deux. » Un interstice dans lequel se glisse en effet la substance même de sa pensée et qui, par-delà le travail purement plastique de l’écrit, lui offre l’occasion d’une ouverture, voire d’un point de fuite. À l’instant est un ouvrage qui possède une double qualité : absolument poétique tout d’abord, il contribue par ailleurs, sans que cela en soit l’intention première, à une meilleure connaissance du monde sensible qui lie son auteur à son frère. Subtile dualité.
Luc Boltanski, À l’instant, images de Christian Boltanski, éditions Melville, 2003, 272 p., 30 euros.
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A l’instant
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°550 du 1 septembre 2003, avec le titre suivant : A l’instant