Schliemann relate sa découverte du fameux « trésor de Priam » sur la colline d’Hissarlik, en juin 1873, dans sa biographie : « Je travaillais moi-même à déterrer le trésor avec un grand couteau . Ce ne fut pas sans peine que j’y réussis, ni sans le plus grand danger, car je risquais de voir s’écrouler sur moi la grande muraille au-dessous de laquelle je travaillais. Mais j’y songeais à peine, aiguillonné jusqu’à la témérité par l’aspect d’une foule d’objets ».
Les autorités turques lui ayant intenté un procès, l’archéologue transféra les objets hors du pays. Un tel transfert était déjà à cette époque un délit grave. C’est pourquoi, sans doute, il s’est souvent contredit dans la description des objets qu’il présente dans son autobiographie et ses carnets de fouilles. Dans un premier temps, il souhaita vendre ce trésor – pour la somme de 1 million de francs de l’époque – et le proposa aux Grecs, aux Allemands, aux Italiens et aux Français, qui refusèrent. Dès 1881, il en fit don au musée de Berlin, dont les salles troyennes furent inaugurées en décembre 1886.
L’histoire de la découverte, telle que Schliemann la rapporte, semble peu vraisemblable, mais au XIXe siècle, pour "faire vrai", les archéologues n’hésitaient pas à remettre les objets en situation. Le trésor de Priam appartient en réalité à la couche II (2500-2200 avant notre ère), et aurait été trouvé en plusieurs points de la citadelle d’Hissarlik, en mars et avril 1873. Karl Blegen, en 1963, situera la destruction de la cité par un tremblement de terre, dans la couche VIIa, vers 1275 avant notre ère, postérieure d’un millénaire aux vestiges de la civilisation retrouvée par Schliemann.
En septembre 1939, le trésor est regroupé en 3 caisses, entreposées dans la Flakturm Zoo de Berlin. En 1958, les Russes restituent à la RDA 4 500 objets de la collection d’antiquités troyennes, mais pas le trésor de Schliemann. Celui-ci a longtemps été considéré comme détruit lors des bombardements de Berlin, même si l’hypothèse de sa réquisition par l’Armée rouge n’était pas écartée.
Un article paru dans ArtNews, en avril 1991, révélait que le trésor figurait parmi les œuvres d’art conservées en URSS. Klaus Goldman, conservateur au Museum für Vor-und Frühgeschichte (lire le JdA n° 6, septembre 1994), apporta la preuve que les caisses contenant le trésor avaient été acheminées à Karlhorst, où la commission des trophées russes entreposait les œuvres d’art réquisitionnées, et leur contenu inventorié sur les registres du Musée Pouchkine en juillet 1945.
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L’histoire de la découverte selon Schliemann
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : L’histoire de la découverte selon Schliemann