Un homme vêtu de la pourpre cardinale s’abîme dans la lecture d’un manuscrit, tandis qu’un lion demeure tranquillement couché à ses pieds ; une jeune fille souriante tient tout naturellement à la main une paire d’yeux, fixés sur une tige comme les boutons d’une fleur ; une autre porte des fleurs coupées dans les plis de sa robe. Le chrétien des siècles passés n’aurait pas manqué de reconnaître immédiatement saint Jérôme, sainte Lucie et sainte Dorothée. L’esthète des temps actuels, même lorsqu’il a raisonnablement fréquenté quelques musées des beaux-arts et quelques sombres chapelles d’églises, peine manifestement un peu plus à décrypter le code d’identification des saints.
Et lorsqu’il s’écrie « saint Georges » (ou même « par saint Georges », s’il est sujet britannique), à la vue d’un chevalier terrassant un dragon, sait-il encore que ce soldat délivra la fille du roi de Silène des appétits du monstre et que, membre de la cohorte des quatorze saints intercesseurs, il est aussi le protecteur des militaires, des scouts et des maris ? Ce guide, très clairement et judicieusement illustré, vient donc opportunément rappeler et expliquer, entre hagiographie et légende, dévotion et anecdotes, les subtilités d’un langage et d’une culture que partage toute la vieille Europe et qui s’expriment magnifiquement dans son art. On y trouve les caractéristiques de plus de cent vingt saints, leur histoire, leurs attributs, les références visuelles qui leur sont liées. C’est un livre merveilleux d’images et d’histoires, à apprendre par cœur, à emporter avec soi à Rome, à feuilleter les jours de pluie ou avant de s’endormir, à offrir un jour de communion. Mais à prêter, jamais. On serait sûr de le perdre.
Rosa Giorgi, Les Saints, éd. Hazan, 2003, 384 p., 450 ill. coul., 27 euros.
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Les Saints
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°546 du 1 avril 2003, avec le titre suivant : Les Saints