L’importance de l’auteur, la subtilité et l’exemplarité de son approche théorique et pratique font de chaque parution en français d’un texte de Meyer Schapiro un événement. Une analyse fondamentale sur les images à la période médiévale.
La capacité de l’historien d’art américain, décédé en 1996, à envisager chaque objet d’étude selon ses modalités propres, sans se restreindre pour sa part à un seul champ d’investigation, est toujours une source d’enrichissement. Même comme, lorsqu’ici, c’est d’art médiéval qu’il s’agit, la lecture n’est pas réservée aux seuls amateurs de cette période et toute personne attachée à mieux comprendre le fonctionnement des images y trouvera son profit car ce sont moins les réponses qui y sont importantes que les questions. Dans le premier texte, déjà disponible en anglais, consacré aux rapports entretenus par les images médiévales avec les textes qui les ont inspirées et par lesquels
on les interprète en général unilatéralement, Schapiro ne propose rien de moins qu’une redéfinition de l’approche iconographique. Étudiant les variations de la représentation de Moïse, bras levés à la bataille contre les Amalécites, puis les changements de signification des vues de profil et de face, Shapiro montre que l’image ne peut être comprise que dans un réseau d’oppositions avec ce qui l’a précédée (les images antérieures auxquelles elle fait écho, les textes qu’elle ne se contente pas d’illustrer mais qu’elle interprète forcément) et avec ce qui l’entoure (l’environnement culturel et socio-politique qui lui donne sens, voire même le contexte dans lequel l’image est matériellement insérée). Il souligne ainsi les spécificités trop souvent oubliées des images, qui ne sont jamais tout à fait repliables sur une source littéraire, comme il le précise dans le deuxième texte inédit, qui examine la façon dont les mots sont présents au sein d’images aussi différentes qu’un évangéliaire byzantin ou que Le Fifre de Manet. Comme le signale Hubert Damisch dans une préface presque également enrichissante, il y a là un appel urgent à rétablir l’histoire de l’art dans la tâche qui lui est propre : « prendre son départ des documents figurés et leur reconnaître à leur tour la valeur de sources. »
Meyer Schapiro, Les Mots et les Images, éd. Macula, 207 p., 150 F, ISBN 2-86589-051-1.
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Les mots et les images
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°516 du 1 mai 2000, avec le titre suivant : Les mots et les images